L'ancienne route du thé et des chevaux, mythique et périlleuse

L'ancienne route du thé et des chevaux

L'ancienne route du thé et des chevaux (茶马古道, chá mǎ gǔdào) a été, pendant un millier d'années, une importante voie commerciale entre la Chine et le Tibet. Dès le 10e siècle, des porteurs et des bêtes de somme ont gravi les lacets et franchi les plus hautes montagnes de Chine afin d'échanger du thé contre des chevaux tibétains. S'étendant sur près de 2250 km à travers le Sichuan, le Yunnan pour arriver jusqu'à Lhassa, elle constitue une période importante de l'histoire du thé chinois.

Depuis le 10e siècle, cette route impitoyable et dure a été utilisée pour échanger du thé, mais également du sel, de l'argent et de la soie. L'une de ses plus grandes réussites a été également été la diffusion du bouddhisme de l'Inde vers l'est.

Les origines de l'ancienne route du thé

Même si les prémices de cette voie commerciale se seraient formées autour de la dynastie Han (206 avant JC - 220 après JC), son histoire ne commence vraiment qu'à l'époque de la dynastie Tang (618 - 907) et de l'empire tibétain Tubo.

Le peuple tibétain était depuis longtemps en étroite relation avec les Tang et les différents groupes ethniques du Sud-Ouest de la Chine. Selon la légende, le thé a été apporté pour la première fois au Tibet lorsque la princesse Wencheng de la dynastie Tang a épousé le roi tibétain Songtsen Gampo en 641.

Ce fut une période de grande ouverture du Tibet sur les civilisations extérieures, et la découverte du bouddhisme sous l'influence de la princesse Wencheng.

La royauté tibétaine puis les nomades se sont alors mis à boire du thé. En raison du climat froid dans les régions de haute altitude du Tibet, les gens devaient consommer des graisses, riches en calories. Une tasse de thé au beurre de yak constituait notamment un mini-repas et réchauffait les bergers dans un arrière-pays balayé par les vents.

En raison de son climat, la région tibétaine ne produisait pas de thé. Il devait être amené depuis le Sichuan.

En revanche, dans les régions centrales de la Chine, les chevaux étaient très demandés et l'offre limitée. C'est ainsi qu'est née une transaction du thé contre des chevaux.

Statues représentant des personnes transportant du thé

Le commerce du thé contre des chevaux

Le développement du commerce à grande échelle du thé et des chevaux entre les dynasties chinoises et le Tibet date probablement de la dynastie Song (960 - 1279). Au cours de cette période, la demande de thé aurait progressivement augmenté à mesure que la boisson devenait importante dans la vie quotidienne des Tibétains.

La période la plus prospère pour le commerce du thé et des chevaux se situe sous la dynastie Ming (1369 - 1644). Afin d'assurer la sécurité de la frontière et de promouvoir l'unification, le gouvernement gérait directement les différentes routes commerciales.

Pour 130 livres de thé apportés aux Tibétains, les Chinois obtenaient un cheval en échange. Au 12e siècle, la Chine échangeait des millions de livres de thé contre quelque 25 000 chevaux par an.

Contrairement à ce que le nom de « route du thé et des chevaux » laisserait présumer, il existait en fait plusieurs voies commerciales. La première partait du Sichuan, au Sud de Chengdu, passait par Chamdo pour se diriger vers Lhassa.

Plus tard, une seconde piste se développa depuis le Yunnan, notamment depuis la ville de Pu'erh, où le thé était cueilli puis comprimé en formes de briques pour être transporté. Ce thé fermenté, qui peut être conservé et vieilli pendant des décennies porte encore aujourd'hui le nom de sa ville d'origine : le thé Pu-erh.

La voie partant du Yunnan remontait vers Chamdo, rejoignait la piste du Sichuan, puis obliquait vers Lhassa. Dali, Lijiang et Zhongdian (plus tard connu sous le nom de Shangri-La) étaient alors des étapes importantes sur cette route. De façon générale, de nombreuses villes et villages ont profité du commerce sur cette route pour se développer et s'enrichir pendant plusieurs siècles.

Des échanges existaient également entre ces routes, formant un réseau commercial plus large qui s'étendait sur plusieurs provinces et croisait la route de la soie, la voie commerciale la plus influente de la Chine ancienne.

Carte des anciennes routes du thé et des chevaux, entre le Yunnan, le Sichuan et le Tibet

L'une des routes commerciales les plus difficiles du monde

À pied ou à cheval, les hommes et les femmes parcouraient les sentiers de terre battue, transportant avec eux jusqu'à 90 kg de cargaison. Il leur fallait de trois à six mois pour terminer le voyage, traversant des dizaines de rivières, des ponts à corde, et de nombreux cols de haute montagne, dont certains atteignent 5 000 mètres.

De plus, la météo dans cette région du monde est extrêmement changeante. En une seule journée, les voyageurs pouvaient avoir de la neige, de la grêle, du soleil brûlant et des vents violents, avec des variations extrêmes de températures.

Sans surprise, tous ne terminaient pas le voyage, et un nombre important de personnes ont perdu la vie sur la route du thé et des chevaux.

D'autres produits qui ont été échangés à travers cette route commerciale, tels que du sucre et du sel du Sichuan, et des produits locaux étaient ramenés du Tibet. Elle a également joué un rôle important dans la diffusion de la religion bouddhiste dans toute la région.

La route a également servi de couloir de migration important ainsi que de canal de communication culturelle entre les groupes ethniques de l'ouest de la Chine. Au-delà, elle était également un pont d'échanges culturels et économiques entre la Chine et l'Inde.

Le difficile parcours pour acheminer le thé

L'ancienne route du thé aujourd'hui

À l'époque moderne, la construction d'une autoroute qui relie le Yunnan au Tibet a remplacé la fonction élémentaire de l'ancienne route du thé. Ainsi, toutes sortes de marchandises, de matériaux et de produits de première nécessité, ont pu être transportés plus facilement, ce qui a grandement amélioré les conditions de vie dans la région.

La plus grande partie de la route initiale du thé et des chevaux a disparu et ce qu'il en reste est désormais parcouru en voiture ou en camion.

La signification de l'ancienne route du thé à cheval est aujourd'hui différente de celle d'avant, elle ne représente plus qu'un concept.

Cependant, les autorités chinoises ont pris au sérieux la préservation des cultures associées à cette voie commerciale. De nombreux éléments archéologiques et monumentaux ont été conservés, notamment des sentiers, des ponts, des stations de passage, des palais, des relais, des sanctuaires et des temples.

Une partie de la fascination pour la route du thé, autre que ses dimensions colorées et exotiques, est une forme de nostalgie pour les temps passés, vécue par une société en pleine transformation sociale.

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Peu de gens ont réalisé l'ampleur et le caractère sans précédent de l'ancienne route du thé. Aucune histoire complète n'a encore été écrite à son sujet, mais elle s'inscrit comme l'une des grandes aventures de l'humanité. En outre, elle a démontré de manière très convaincante que, si tous les moyens de communication et de transport modernes étaient détruits, l'humble cheval est toujours prêt à rétablir un lien entre des peuples et des nations dispersés.

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