Les jeux traditionnels occupent une place centrale dans la culture chinoise depuis des milliers d'années. Certains, comme le jeu de Go, sont même devenus extrêmement populaires dans l'Asie du Sud-Est, et dans le monde entier. Même s'ils sont progressivement supplantés par des jeux modernes, ils tiennent encore une place importante au sein de la société chinoise.
Les jeux traditionnels ne sont pas simplement un moyen de s'amuser, mais également de socialiser. Beaucoup vivent en appartement, et préfèrent sortir dans des parcs pour rencontrer d'autres personnes. Inviter quelqu'un à jouer au Mahjong est un geste d'amitié en Chine.
L'image de ces personnes âgées assises autour de tables dans des parcs, à travers toute la Chine et à peu près tous les jours de l'année, n'est pas un cliché.
La Chine d'aujourd'hui est l'un des très rares endroits sur terre où la modernité et les cultures high-tech coexistent avec la tradition. Dans les grandes villes comme Pékin ou Shanghai, il est très courant de voir des enfants équipés des smartphones et des tablettes les plus récents, mais en même temps, les jeux traditionnels sont toujours bien vivants.
Il faut toutefois reconnaître que la popularité des jeux traditionnels baisse au fur et à mesure que la Chine se modernise et se développe. Les gens sont attirés par ce qui est le plus récent et le plus brillant. Les jeux de société modernes, avec leurs figurines très travaillées et leurs belles illustrations, peut être plus attrayant que les jeux traditionnels anciens.
Si certains joueurs sont toujours à la recherche de nouvelles expériences, en essayant continuellement de nouvelles choses, ils ne délaissent pas pour autant les jeux classiques auxquels ils ont joué dans le passé.
Le jeu de go

L'un des jeux les plus populaires est le jeu de go (围棋, wéiqí). On croit souvent à tort qu'il est originaire du Japon, en raison de sa grande popularité au pays du soleil levant, mais il n'y a été introduit qu'au 8 siècle. En fait, il est bien plus ancien et c'est sans doute le plus ancien jeu de société du monde.
Si les origines du jeu de go se perdent dans les légendes, certains pensent qu'il a été inventé il y a 4000 ans. La seule certitude que nous avons est qu'il a été inventé en Chine, mais plus probablement pendant la période des Printemps et Automnes (entre 722 et 481 avant JC), durant la première partie de la dynastie Zhou.
Le jeu connaît alors un très fort développement ; au fil du temps, le jeu de go est devenu si populaire qu'il était considéré comme l'un des quatre arts chinois que tous les lettrés devaient maîtriser.
Le nom wéiqí peut être traduit approximativement par « le jeu de l'encerclement », ce qui explique l'objectif de base du jeu : contrôler plus de territoire que son adversaire, en encerclant son adversaire.
Le Weiqi se joue entre deux joueurs sur un plateau de 19×19 ; il y a 19 lignes parallèles verticales et horizontales, ce qui fait un total de 361 intersections. Chaque joueur choisit un ensemble de pierres noires ou blanches avant le début de la partie et, à tour de rôle, effectue des déplacements en plaçant une pierre sur le point d'intersection.
Le but est d'occuper plus de territoire que l'adversaire en utilisant les stratégies de « capture et d'encerclement ».
Le Weiqi est un jeu de société connu pour ses règles simples et ses stratégies complexes. Il était très prisé par les lettrés et surtout les généraux car c'est un jeu de stratégie qui a beaucoup de similitudes avec l'art de la guerre.
Le Mahjong

Le Mahjong (麻将, májiàng) est probablement le jeu traditionnel le plus populaire en Chine et c'est aussi l'un des plus récents car sa version actuelle ne date que du 19e siècle, vers la fin de la dernière dynastie impériale, la dynastie Qing.
Le jeu a gagné en popularité pendant une période connue sous le nom du siècle d'humiliation, qui a commencé avec la défaite de la Chine dans la première guerre de l'opium. Le Mahjong s'est propagé comme une traînée de poudre à travers les ports ouverts suite à la signature des traités inégaux, devenant un grand classique pour toute la famille.
Le Mahjong n'est pas un jeu qui a été inventé de toutes pièces, mais qui est le résultat de l'adaptation de plusieurs jeux anciens se jouant avec des cartes, notamment le mǎdiào (馬吊) datant de la dynastie Ming. Les cartes ont été remplacées par des tuiles, devenant de plus en plus nombreuses.
Le nom 麻将(májiàng) vient du mot 麻雀(máquè), qui se traduit par moineau. La légende raconte que les anciens et les nobles qui ont été les premiers à jouer à ce jeu estimaient que le bruit des tuiles qui s'entrechoquent rappelait le piaillement des moineaux affairés.
Même si les règles du jeu sont simples, le Mahjong s'avère très complexe et plein de subtilités.
Le Mahjong se joue généralement à quatre joueurs avec, selon les variantes, 136 ou 144 tuiles différentes. Les tuiles sont réparties dans 3 séries appelées les cercles, les caractères et les bambous. Il y a également des tuiles vent et dragon, et certains jeux comprennent également des tuiles bonus représentant quatre fleurs et quatre saisons.
Chaque joueur commence avec 13 tuiles, et tout au long du jeu, les joueurs prennent et se séparent de tuiles à tour de rôle.
Le principal objectif du jeu est d'obtenir un Mahjong, c'est-à-dire d'obtenir quatre ensembles différents et une paire dans vos 14 tuiles. Deux tuiles identiques sont appelées paires et un ensemble peut être constitué de trois tuiles identiques ou de trois chiffres consécutifs de la même couleur.
Le Mahjong est très présent dans l'imaginaire occidental depuis que les immigrants chinois l'ont introduit dans les années 1920 ; le jeu permettait à la communauté chinoise de se rassembler et de créer des liens entre eux. De nombreux films et séries télévisées mettant en scène des familles chinoises, le Mahjong fait partie de ces « clichés sur les Chinois », mais qui a aussi l'avantage de faire connaitre ce jeu au plus grand nombre.
Les échecs chinois

Les échecs chinois (象棋, xiàngqí) sont une variante très populaire des échecs, non seulement en Chine, mais aussi dans toute l'Asie. Il existe de nombreuses similitudes entre le xiàngqí et les échecs classiques occidentaux et certains historiens pensent qu'ils ont été développés à partir du Chaturanga, le jeu d'échecs indien original.
La première mention des échecs chinois se trouve dans le texte historique Shuo Yuan (說苑), du 1er siècle avant Jésus-Christ et il est mentionné que le jeu est originaire de la Période des Royaumes Combattants.
Le mot xiàngqí peut être traduit approximativement par « jeu de figures » ou « jeu d'éléphant » puisque 象(xiàng) peut signifier à la fois figure et éléphant.
Comme dans les échecs occidentaux, le jeu représente une bataille entre deux armées, le but principal étant de mettre échec et mat le général (roi) de l'ennemi. Mais les échecs chinois ont des caractéristiques distinctives.
Les échecs chinois se jouent sur un plateau rectangulaire de 9×10 cases ; des zones sur le plateau appelées rivière et palais, limitent le mouvement de certaines pièces, mais facilitent celui d'autres. Les pièces sont placées sur les intersections.
Les cerfs-volants

Le cerf-volant, initialement appelé zhǐyuān (纸鸢) dans le nord de la Chine et yàozi (鹞子) dans le sud, aurait été inventé par un célèbre philosophe chinois Mozi, il y a 2 300 ans, à des fins militaires. La légende dit qu'il a passé trois ans à le fabriquer avant qu'il ne puisse voler.
Au début, les cerfs-volants servaient à mesurer les distances et à détecter la direction du vent. Ils ont été considérés comme une révolution dans le monde militaire, car ils étaient capables de fournir aux soldats des informations précieuses qu'il aurait été difficile d'obtenir autrement. Ils étaient également utilisés pour envoyer des messages et partager des informations urgentes entre les membres d'une même armée situés à distance. Parfois, ils étaient utilisés comme un appel à l'aide.
Le cerf-volant est devenu un loisir probablement à partir de la dynastie Tang (618-900), lorsque la famille royale et les aristocrates s'y sont intéressés. C'est à cette époque que les cerfs-volants se sont transformés en art traditionnel.
La fabrication et le vol de cerfs-volants étaient alors associés à la saison du printemps et jusqu'à aujourd'hui, ils sont toujours considérés comme un symbole de santé et de prospérité.
Certains disent que l'invention du cerf-volant a donné à l'homme l'idée de voler et a conduit à l'invention de l'avion.
Marco Polo a rapporté le cerf-volant en Europe à la fin du 13e siècle et depuis, il a connu de nombreuses adaptations à travers différentes cultures depuis son invention.
La ville de Weifang, dans la province de Shandong, est également célèbre pour ses coutumes de fabrication et de vol de cerfs-volants. Chaque année, le festival international du cerf-volant de Weifang se tient en avril et des passionnés du monde entier y prennent part.