L'histoire du siècle d'humiliation de la Chine

Des ténèbres à la lumière : le triomphe de la Chine sur son siècle d'humiliation

La Chine, pays chargé d'histoire ancienne et riche en patrimoine culturel, a connu son lot de hauts et de bas. Des sommets de son passé impérial à son statut actuel de puissance mondiale, le parcours de la Chine est tout à fait remarquable. Pourtant, un chapitre de son histoire se distingue comme une période particulièrement douloureuse : le siècle de l'humiliation. S'étendant du milieu du 19e siècle au milieu du 20e siècle, cette période sombre a vu la Chine soumise à des invasions étrangères, à des traités inégaux et à des conflits internes qui ont ébranlé les fondements mêmes de sa société.

Pratiquement tous les Chinois savent ce que signifie « le siècle de la honte », mais les occidentaux n'en connaissent pas le sens. La plupart des Chinois savent aussi très bien comment les conflits armés, qui se sont déroulés il y a près de 180 ans pour la souveraineté, le commerce et l'opium, ont opposé l'empire le plus riche de la planète à la Grande-Bretagne.

Les guerres de l'opium ont été un moment crucial, et humiliant, de l'histoire de la Chine. Elle a perdu son statut de force la plus puissante d'Asie et sa richesse économique. Elle s'est ouverte de force à l'influence occidentale, et a été pratiquement découpée par les puissances étrangères, et Hong Kong a été volé par la force militaire brute.

C'est pourquoi le président Xi Jinping a déclaré en 2017 que, lorsque Hong Kong a été rendu à la Chine, cela a effacé les 100 ans de honte de la nation chinoise.

Le souvenir de cette sombre période continue encore aujourd'hui d'influencer la politique étrangère de la Chine et son désir de réunifier tous les anciens territoires chinois, y compris Taïwan.

Dans cet article, nous allons examiner de plus près cette période tumultueuse, en explorant les événements qui ont conduit à la déchéance de la Chine et, finalement, à sa renaissance des cendres de l'humiliation pour reconquérir sa place de leader mondial.

La Chine avant le siècle de l'humiliation

Pendant des siècles, la Chine a été la civilisation la plus avancée du monde, affichant de réalisations inégalées dans les domaines de l'art, de la science et de la technologie. L'Empire du Milieu a été gouverné par une succession de dynasties, dont les Han, les Tang et les Ming comptent parmi les plus remarquables, chacune contribuant au riche héritage culturel de la Chine.

Sous la direction d'empereurs avisés et de leurs conseillers, la Chine a construit de vastes réseaux de routes, de ponts et de canaux, tandis que ses villes s'épanouissaient en tant que centres de la culture, du commerce et de l'éducation. L'invention du papier, de l'imprimerie, de la poudre à canon et de la boussole ont révolutionné le monde et mis en évidence les prouesses intellectuelles de la Chine.

La culture chinoise s'est largement répandue, façonnant les traditions, les croyances et les pratiques des pays voisins. De l'adoption du confucianisme et du bouddhisme en Corée et au Japon à l'impact de l'art et de la littérature chinois sur le Viêt Nam, l'influence de l'Empire du Milieu est indéniable. Le système d'écriture chinois a également été adopté dans toute l'Asie de l'Est, soulignant ainsi l'interconnexion culturelle de la région.

Les dynasties chinoises : ascension, règne et chute des empires
Cette période commence avec la réunification de la Chine par les Qin, verra nombre de prises de pouvoir, et se terminera avec la chute des Qing en 1912.

La position de la Chine en tant que puissance dominante de la région a été renforcée par le système tributaire, un arrangement dans lequel les États voisins reconnaissaient la suprématie de l'empereur chinois, envoyaient des tributs et pratiquaient le commerce. Ce système a renforcé le statut de la Chine en tant que centre de l'ordre mondial en Asie de l'Est.

La prospérité économique de la Chine est un autre élément clé de sa prééminence. Son vaste territoire et ses terres fertiles en ont fait une puissance agricole qui a permis la croissance d'une population de plusieurs centaines de millions d'habitants. En outre, la Chine était largement autosuffisante, grâce à l'abondance de ses ressources naturelles, à ses artisans qualifiés et à ses vastes réseaux commerciaux. La soie, la porcelaine, le thé et d'autres produits de haute qualité étaient convoités dans le monde entier, ce qui assurait un commerce d'exportation florissant.

En résumé, avant le siècle d'humiliations, la Chine était un empire fier, prospère et influent qui avait laissé une marque indélébile sur le monde. Cependant, le vent était sur le point de tourner et la nation allait bientôt être confrontée à une série de défis qui allaient la mettre à genoux.

Les guerres de l'opium et leurs conséquences pour la Chine moderne

La Chine, depuis la dynastie Ming, s'était repliée sur elle-même et ne voyait aucun avantage à commercer avec ceux venus de loin, car les Chinois considéraient qu'ils avaient tous les biens nécessaires en abondance. Les précédents contacts avec les Européens leur ayant prouvé qu'ils étaient belliqueux et indignes de confiance.

La Grande-Bretagne, quant à elle, se considérait comme le principal défenseur du libre-échange. Au cours des 18e et 19e siècles, alors que l'Empire britannique étendait sa présence dans le monde, il a cherché à établir des relations commerciales avec la Chine.

Ces visions du monde incompatibles ont mené les deux pays à un conflit inévitable sur le plus improbable des biens : l'opium.

La Grande-Bretagne était devenue extrêmement friande de marchandises chinoises, et la Chine avait amassé de grandes richesses grâce au commerce international, notamment des produits de luxe, notamment le thé, la soie et la porcelaine, que les Anglais importaient en grande quantité.

Les commerçants anglais gagnaient de grosses comme d'argent en ramenant ces produits en Angleterre, mais ils se sont confrontés à un problème. La Chine ne voulait pas d'échanges « marchandises contre marchandises » ; elle n'était pas vraiment intéressée par les produits avait à proposer, et exigeait d'être payée uniquement en argent. Cela a évidemment créé un important déséquilibre commercial en faveur de la Chine et posait problème aux Britanniques qui avaient peu d’argent et beaucoup de marchandises en nature, venant principalement de leurs colonies aux Indes.

Dans un effort pour supprimer ce déséquilibre commercial, la Compagnie britannique des Indes orientales a commencé à faire passer en contrebande vers la Chine, de grandes quantités d'opium cultivé dans leurs colonies. Les Anglais espéraient ainsi récupérer suffisamment d'argent par la vente illégale de cette drogue, afin de financer leur propre addiction au thé chinois.

L'opium était illégal en Chine, mais les Britanniques étaient tellement désespérés de ne pouvoir inverser la balance commerciale, que tous les moyens étaient bon, même les plus sales. Et ces efforts de contrebande britanniques ont bien réussi.

L'afflux d'opium a entraîné une toxicomanie généralisée au sein de la population chinoise, provoquant des perturbations sociales et économiques. Désireux d'endiguer les effets dévastateurs de cette drogue, le gouvernement chinois a imposé des règles commerciales plus strictes et a fini par confisquer et détruire de grandes quantités d'opium, déclenchant ainsi la première guerre de l'opium.

destruction opium
En 1839, Lin Zexu, commissaire impérial nouvellement nommé, institua des lois interdisant l'opium dans toute la Chine.

La première guerre de l'opium a été un conflit désastreux pour la Chine. Face à la technologie et aux tactiques militaires avancées de la Grande-Bretagne, les Chinois étaient mal préparés et ont finalement subi une défaite écrasante. En 1842, le traité de Nankin a été signé, marquant le début de ce que l'on appelle les « traités inégaux ».

Le traité de Nankin obligeait la Chine à céder Hong Kong (qui deviendra le centre névralgique du commerce de la drogue) à la Grande-Bretagne, à ouvrir cinq ports au commerce britannique (Shanghai, Canton, Ningbo, Fuzhou et Xiamen) et à payer une importante indemnité. En outre, il accordait des droits extraterritoriaux aux citoyens britanniques en Chine, ce qui signifie qu'ils étaient soumis à la loi britannique et non à la loi chinoise. Ce traité a créé un précédent pour les traités à venir avec d'autres puissances occidentales, érodant encore davantage la souveraineté de la Chine.

Les Britanniques ont pris Hong Kong par la force, parce que la Chine avait détruit des tonnes de drogue illégale.

Le Traité de Nanjing a été le début du siècle d'humiliation, qui a profondément marqué la Chine et dont les cicatrices sont encore présentes aujourd'hui.

La deuxième guerre de l'opium a opposé la Chine à la Grande-Bretagne et à la France, qui cherchaient à étendre leurs droits commerciaux et à affaiblir encore le contrôle du gouvernement chinois sur son propre territoire. Une fois de plus, la Chine a été vaincue et le traité de Tianjin de 1858 et la convention de Pékin ont été signés.

Ces accords ont permis d'ouvrir davantage de ports au commerce extérieur, de légaliser l'opium et de céder la péninsule de Kowloon à la Grande-Bretagne. Ils ont également permis aux diplomates étrangers de résider à Pékin et aux missionnaires étrangers de propager leur foi dans toute la Chine. Les défaites humiliantes et l'imposition de ces traités inégaux ont marqué un tournant dans l'histoire de la Chine, qui a commencé à perdre le contrôle de son propre destin.

Ces concessions territoriales étaient terribles et humiliantes. Mais quelque chose de pire encore s'est produit à la fin de la deuxième guerre de l'opium en 1860.

Les forces britanniques et françaises décidèrent de se livrer à un acte de vengeance sauvage parce que des fonctionnaires chinois avaient tué 20 soldats britanniques et français qui s'étaient rendus à Pékin dans le cadre d'un contingent pour négocier une trêve.

pillage du palais d'été
.

Ce que les forces britanniques et françaises ont fait en pillant et brûlant le Palais d'été était barbare.

Victor Hugo a décrit le palais d'été comme l'une des merveilles du monde, le comparant au Parthénon ou au Colisée à Rome, mais en beaucoup plus grand. Imaginez qu'une armée envahisse l'Europe, détruise la cathédrale Notre Dame, pille le Musée du Louvre et du Vatican, cette armée aurait fait moins de dégâts que ce qu'ont fait les forces britanniques et françaises en 1860.

Ce fut l'un des actes les plus barbares de l'histoire de l'humanité. Peu d'Européens s'en souviennent. Les Chinois s'en souviennent bien.

Les guerres de l'opium : un tournant dans l'histoire de la Chine
Les guerres de l'opium, qui se sont déroulées au milieu du 19e siècle, ont constitué un tournant décisif dans l'histoire moderne de la Chine et ont marqué le début du siècle de l'humiliation. La Chine a perdu les deux guerres contre la Grande-Bretagne et la France, et les conséquences de sa défaite ont été sévères : elle a dû céder Hong Kong aux Britanniques, ouvrir des ports au commerce avec les étrangers, et accorder des droits spéciaux aux étrangers opérant dans ces ports. Tout ça au nom du libre-échange et continuer à pouvoir vendre de l'opium, se soucier des conséquences pour le gouvernement et le peuple chinois.
Au 19e siècle, la Grande-Bretagne déclenchait deux guerres contre la Chine afin de forcer son ouverture en développant la dépendance des Chinois à l'opium.
Pourquoi les guerres de l'opium? Les véritables causes du conflit
Les guerres de l'opium et les traités qui sont suivis ont été emblématiques d'une époque où les puissances occidentales ont tenté d'obtenir un accès inconditionnel aux marchés chinois pour le commerce.
La première guerre de l'opium en Chine
La première guerre de l'opium a débuté en août 1839 pour se terminer en août 1842. Trois années durant lesquelles un terrible conflit va opposer principalement le Royaume-Uni et l'empire des Qing.
Seconde guerre de l'opium et fin de l'empire chinois
La Grande-Bretagne voulait encore plus développer le commerce de l'opium, par une nouvelle guerre avec l'aide d'autres puissances occidentales.
Guerres de l'opium et conséquence sur la Chine d'aujourd'hui
L'impact des guerres de l'opium sur la Chine moderne est important et les conséquences de ces actes se font encore sentir aujourd'hui.

L'essor du Japon et la perte d'influence de la Chine dans la région

La destruction du palais d'été et les défaites militaires auraient dû être un signal d'alarme pour la Chine. Curieusement, si cette humiliation n'a pas réveillé la Chine, elle a réveillé son voisin le Japon. Les Japonais se sont efforcés d'étudier les forces de la civilisation occidentale, ils ont décidé de moderniser et d'industrialiser leur pays et d'investir dans une armée forte.

Cette période de changement rapide a permis au Japon d'émerger comme une puissance redoutable en Asie de l'Est, défiant la domination régionale de la Chine.

La Chine semblait, quant à elle, se complaire de sa situation stable de l'époque, et n'a certainement pas su ouvrir les yeux sur le monde qui changeait trop rapidement autour d'elle. L'impératrice douairière Cixi détourna même les fonds dédiés à la modernisation de la marine chinoise pour construire un coûteux bateau en marbre dans le jardin du palais.

Ces réponses contrastées de la Chine et du Japon à la montée des puissances occidentales, ont conduit à la deuxième vague d'humiliation dont la Chine allait souffrir, cette fois-ci aux mains de son voisin, le Japon.

La Chine et le Japon sont des pays voisins et partenaires depuis de plus 1000 ans, et de nombreux aspects de la culture japonaise sont hérités de la culture chinoise, notamment le système d'écriture, la calligraphie, la peinture, l'architecture, la cuisine, la soie et la céramique, ainsi que le Bouddhisme.

Même si par la suite, la culture japonaise a su se forger une identité propre, elle ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui sans les héritages chinois. Les Japonais avaient toujours porté un regard respectueux sur la société et la culture chinoises, et pendant des centaines d'années, les relations entre les deux pays ont été essentiellement pacifiques.

Alors que la Chine a souvent été considérée comme la société la plus avancée, aussi bien point de vue matériel que culturel, mais elle a manqué le virage de la révolution industrielle. C'est sont voisin le Japon qui a fait un grand bond en avant avec les Réformes Meiji dans les années 1860.

Le Japon a ainsi fait un choix différent de celui de la Chine, afin d'éviter une humiliation comparable, et s'est réveillé dans les années 1860 en réponse à la montée en puissance de l'Occident en Asie de l'Est. Après avoir renversé le shogunat Tokugawa et réinstallé l'empereur Meiji en 1868, il y a eu clairement une volonté de quitter les rangs des nations asiatiques et de s'aligner du côté de l'Occident. Des équipes ont été envoyées dans toutes les grandes puissances occidentales pour apprendre les secrets de leur réussite.

C'est ainsi que le Japon a commencé à renforcer son armée, mais a aussi appris les mauvais côtés de l'Occident, à savoir que le rôle des puissances plus fortes était d'humilier et de conquérir les puissances plus faibles.

Les Japonais ont traité les autres nations asiatiques exactement comme le font les Occidentaux, ce qui explique pourquoi le Japon a commencé à vaincre et à humilier progressivement la Chine sur une période de 50 ans, de 1895 à 1945.

La première guerre sino-japonaise

Au fur et à mesure que l'influence du Japon grandissait, les tensions entre les deux nations s'intensifiaient, culminant avec la première guerre sino-japonaise. Le principal sujet de discorde était le contrôle de la Corée, un État tributaire de la Chine que le Japon cherchait à placer dans sa propre sphère d'influence.

Après l'assassinat du leader pro-japonais Kim Ok-Gyun à Shanghai en 1894, la Chine a envoyé en 2000 soldats pour aider le gouvernement coréen à réprimer les protestations.

Le Japon y a vu une violation de l'accord conclu entre les dirigeants chinois et japonais selon lequel aucun des deux pays n'enverrait de troupes en Corée sans en informer l'autre au préalable. Plusieurs batailles s'en suivirent, et Malgré sa puissance passée, la Chine ne faisait pas le poids face à l'armée japonaise modernisée.

Les japonais attaquent la Chine

La première guerre sino-japonaise s'est soldée par une défaite humiliante pour la Chine, mettant encore plus en lumière les faiblesses de la dynastie Qing.

En 1895, le traité de Shimonoseki a été signé, les Japonais allaient imposer des conditions humiliantes à la Chine, suivant ainsi le modèle des puissances occidentales.

Aux termes de ce traité, la Chine est contrainte de reconnaître l'indépendance de la Corée, de céder Taïwan et la péninsule de Liaodong au Japon et de payer une énorme indemnité. Il est important de se souvenir de ce moment humiliant de l'histoire de la Chine si l'on veut comprendre la sensibilité de la Chine sur la question de Taïwan.

La souveraineté et l'influence régionale de la Chine s'en sont trouvées considérablement affaiblies. En outre, la perte subie par le Japon, nation longtemps considérée comme un « jeune frère » de la Chine, a été une pilule amère à avaler et a renforcé le sentiment d'humiliation ressenti par le peuple chinois.

L'Alliance des huit nations et le soulèvement des Boxers

Alors que la Chine était aux prises avec les conséquences des guerres de l'opium et de la guerre sino-japonaise, le ressentiment à l'égard des puissances étrangères et de leur influence dans le pays s'est accru au sein de la population. Cette agitation a culminé avec la rébellion des Boxers, un violent soulèvement mené par une société secrète connue sous le nom de « Boxers », qui était déterminée à débarrasser la Chine de l'influence étrangère.

Les Boxers, principalement composés de paysans pauvres, s'en prenaient aux diplomates étrangers, aux missionnaires et aux chrétiens chinois, les rendant responsables des malheurs de la Chine. Dans un premier temps, le gouvernement Qing a hésité à soutenir la rébellion. Cependant, à mesure que le mouvement prenait de l'ampleur, l'impératrice douairière Cixi y a vu l'occasion d'utiliser les Boxers pour renforcer sa propre autorité et chasser les puissances étrangères qui avaient humilié la Chine pendant des décennies.

Répression pendant la rebellion des boxers

La rébellion des Boxers a suscité une réaction rapide de la part des puissances étrangères. Huit nations (Allemagne, Grande-Bretagne, États-Unis, France, Italie, Japon, Russie et Autriche-Hongrie) ont formé une alliance pour protéger leurs intérêts en Chine.

En 1900, l'Alliance des huit nations a lancé une invasion pour réprimer le soulèvement des Boxers et secourir les étrangers assiégés à Pékin.

Les forces de l'Alliance, équipées d'armes et de technologies militaires supérieures, ont rapidement écrasé la rébellion et occupé Pékin. En conséquence, le protocole des Boxers a été signé en 1901, imposant à la Chine des conditions encore plus sévères que les traités précédents. La Chine doit payer une indemnité faramineuse, démanteler ses fortifications côtières et autoriser le stationnement de troupes étrangères à Pékin.

La répression de la rébellion des Boxers et l'occupation de la capitale chinoise par des forces étrangères qui s'ensuivit marquèrent un autre point bas dans le siècle de l'humiliation. L'incapacité du gouvernement Qing à protéger son peuple et son territoire contre les envahisseurs étrangers a encore érodé sa légitimité et renforcé le sentiment de honte nationale.

La fin de la Première Guerre mondiale et le traité de Versailles

Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté en 1914, la Chine y a vu l'occasion de reconquérir ses territoires perdus et d'améliorer sa position sur la scène internationale. Bien qu'elle ait d'abord déclaré sa neutralité, la Chine a rejoint les Alliés en 1917, espérant que ses contributions seraient récompensées lors des négociations de paix après la guerre.

Des milliers de travailleurs chinois ont été envoyés en Europe pour soutenir l'effort de guerre des Alliés, tandis que la Chine déclarait la guerre à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie.

Traité de Versailles

À la fin de la guerre, les délégués chinois ont participé à la Conférence de paix de Paris, espérant que les territoires du Shandong, saisis par l'Allemagne en 1898, seraient restitués à la Chine. Cependant, le résultat des négociations s'avérera être une amère déception pour le peuple chinois.

Le traité de Versailles, signé en 1919, attribue les anciennes concessions allemandes du Shandong au Japon, au lieu de les restituer à la Chine, ce qui constitue un revirement choquant.

Cette décision était principalement motivée par les accords secrets que le Japon avait conclus avec la Grande-Bretagne, la France et l'Italie pendant la guerre, promettant le soutien du Japon en échange de gains territoriaux en Chine.

L'opinion publique chinoise a été indignée par cette trahison et, le 4 mai 1919, des manifestations massives ont éclaté à Pékin et dans d'autres villes du pays. Le mouvement du 4 mai, comme on l'appelle désormais, n'est pas seulement une manifestation de la frustration de la Chine à l'égard de la communauté internationale, mais aussi un tournant dans le paysage intellectuel et politique du pays.

Le mouvement a favorisé l'émergence d'un nouveau sentiment d'identité et de fierté nationales, entraînant une montée du sentiment anti-impérialiste et l'émergence de nouvelles idéologies politiques, telles que le communisme et le nationalisme.

Le traité de Versailles et le mouvement du 4 mai ont marqué un nouveau chapitre du siècle d'humiliation de la Chine, en exposant davantage la vulnérabilité de la nation face aux puissances étrangères et en servant de catalyseur à de profonds changements sociaux et politiques.

Deuxième guerre sino-japonaise

Dans les années qui ont suivi la première guerre sino-japonaise et le traité de Versailles, les tensions entre la Chine et le Japon n'ont cessé de s'intensifier. Les ambitions impériales du Japon et son expansion agressive en Mandchourie et dans d'autres régions de Chine alimentent le ressentiment et la colère de la population chinoise.

Le gouvernement nationaliste chinois, dirigé par Chiang Kai-shek, cherche à renforcer la nation et à résister aux empiétements japonais, tandis que le parti communiste chinois, sous la direction de Mao Zedong, commence à gagner en influence et en soutien dans les zones rurales.

En 1937, les tensions qui couvaient entre la Chine et le Japon ont dégénéré, aboutissant à la deuxième guerre sino-japonaise.

Le Japon a lancé une invasion à grande échelle de la Chine, s'emparant de grandes villes telles que Shanghai, Nanjing et Wuhan, et mettant en œuvre une politique d'occupation brutale pendant huit années. La guerre a été le théâtre d'atrocités horribles, notamment le massacre de Nanjing, au cours duquel on estime que des dizaines de milliers de femmes ont été violées et 300 000 civils tués par les forces japonaises.

En dépit d'une adversité écrasante, la Chine s'est défendue, les forces nationalistes et communistes opposant une résistance déterminée à l'envahisseur japonais. L'invasion aurait pu se poursuivre pendant des décennies, mais après que le Japon ait fait l'erreur d'attaquer Pearl Harbor en décembre 1941, la Chine et les Etats-Unis sont devenus des alliés contre le Japon.

Massacre de Nanjing

La deuxième guerre sino-japonaise a pris fin en 1945, après la capitulation du Japon devant les puissances alliées à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. La Chine a payé un lourd tribut à ce conflit, qui a coûté la vie à des millions de personnes et causé des dommages considérables à ses infrastructures et à son économie.

Les puissances occidentales ont à peine reconnu le rôle de la Chine, qui est restée au rang de « l'allié oublié » alors qu'elle avait joué un rôle important dans la stratégie globale des Alliés. Néanmoins, la guerre a également forgé un sentiment d'unité nationale et de détermination qui jouera un rôle essentiel dans le façonnement de l'avenir de la Chine.

Fin du siècle de l'humiliation

Avec la fin de la deuxième guerre sino-japonaise, la Chine s'est attachée à résoudre la lutte entre le gouvernement nationaliste et les forces communistes. La guerre civile chinoise, qui avait été temporairement interrompue pendant la lutte contre le Japon, a repris en 1946. Après des années de conflit acharné, le parti communiste, dirigé par Mao Zedong, est sorti victorieux en 1949, forçant Chiang Kai-shek et son gouvernement nationaliste à se retirer à Taïwan.

Le 1er octobre 1949, Mao Zedong a proclamé la création de la République populaire de Chine (RPC), marquant le début d'une nouvelle ère dans l'histoire de la Chine.

La RPC a cherché à reconstruire et à moderniser la nation, en s'engageant dans une série de réformes économiques, sociales et politiques ambitieuses. Malgré les défis et les controverses qui ont accompagné ces efforts, la Chine a progressivement retrouvé sa force et a commencé à se réaffirmer sur la scène mondiale.

Au cours des décennies suivantes, la Chine a connu une croissance et un développement économiques rapides, sortant des millions de personnes de la pauvreté et se transformant en une puissance économique mondiale. Forte de son influence croissante, la Chine a commencé à remettre en question l'ordre international qui l'avait humiliée pendant si longtemps, en affirmant sa souveraineté et en menant une politique étrangère plus affirmée.

À mesure que la Chine et sa présence internationale se développent, il est nécessaire de mieux comprendre comment la Chine perçoit le monde, car si l'Occident a oublié les guerres de l'opium et l'incendie du Palais d'été, ce n'est pas le cas de la Chine.

Le retour de la Chine sur le devant de la scène a été marqué par plusieurs étapes clés, notamment son entrée aux Nations unies en 1971, l'établissement de relations diplomatiques avec les États-Unis en 1979 et son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce en 2001. Ces réalisations ont marqué la réintégration réussie de la Chine dans la communauté mondiale et son émergence en tant qu'acteur majeur dans les affaires internationales.

L'histoire de la Chine, des anciennes dynasties à nos jours
L'histoire chinoise peut prendre toute une vie pour être comprise, mais elle est très importante pour comprendre la Chine moderne, car de nombreuses coutumes et traditions remontent à des milliers d'années.

La période de 1839 à 1949, correspondant au siècle d'humiliation, fait partie de l'histoire récente, alors qu'elle est complètement ignorée par la plupart des occidentaux et n'est plus enseignée à l'école. Pourtant, la plupart des Chinois sont conscients qu'ils ont connu de nombreuses invasions douloureuses et humiliations.

À cette époque, la Chine était connue comme l'homme malade de l'Asie, et cette phrase fait encore mal. Le 3 février 2020, lorsque le Wall Street Journal a publié un article sur la Chine intitulé « La Chine est le véritable homme malade de l’Asie », la Chine a expulsé trois journalistes du Wall Street Journal.

La plupart des occidentaux ont qualifié ces expulsions de tentative extrême et évidente de la part des autorités chinoises d’intimider les médias étrangers en prenant des sanctions contre leurs correspondants basés en Chine. Pourtant, si l'on comprend le siècle d'humiliation que la Chine a subi, cette forte réaction chinoise aurait pu être anticipée.

En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation de cookies. En savoir plus.