La dynastie Ming a régné sur la Chine de 1368 à 1644 après la chute de l'Empire mongol des Yuan. Pendant une période de 276 ans, l'ère Ming aura vu le règne de 16 empereurs, le plus célèbre d'entre eux étant l'empereur Yongle. Dernière dynastie impériale dirigée par l'ethnie chinoise Han, elle est également connue pour son expansion commerciale vers le monde extérieur qui a permis d'établir des liens culturels avec l'Occident, son théâtre, sa littérature et sa porcelaine de renommée mondiale.
Rétablissant la domination chinoise après la défaite des Mongols, la dynastie Ming a adopté une approche isolationniste et autoritaire. Grâce à la crainte de la dynastie d'une invasion étrangère, la Grande Muraille a été considérablement allongée et la célèbre Cité interdite de Pékin a été construite sous la direction des Ming. Mais c'est aussi à cette époque que la Chine entreprend son plus grand voyage naval, avec comme fer de lance la réponse de l'Orient à Magellan, et débarque pour la première fois sur le continent africain.
Comment est née la dynastie Ming ?
Au début du 14e siècle, les chinois étaient sous la dure domination de la dynastie mongole des Yuan et le pays a été frappé par une série de catastrophes naturelles. Le peuple a commencé à se dire que les mongols avaient perdus le Mandat Céleste et ont commencés à se rebeller.
L'Armée du Turban Rouge, comme les paysans ont commencé à se nommer, était dirigée par un paysan nommé Zhu Yuanzhang. L'invasion réussie de la ville de Nankin lui a servi de base pour s'en prendre aux autres seigneurs de la région.
En 1368 il capture Pékin, détruisant les palais, envoyant les dirigeants mongols en fuite et annonçant la dynastie Ming.
Depuis Nanjing, la première capitale des Ming, Zhu Yuanzhang devenu l'empereur Hongwu a régné pendant trente ans et ses efforts se porteront l'unification de la Chine grâce à un gouvernement centralisé fort et consolider ainsi la mainmise de la dynastie Ming sur le pouvoir.

Hongwu ayant grandi en tant que paysan, il a lancé de nombreux projets tels que la restauration des systèmes d'irrigation et il a essayé de distribuer des terres aux paysans. Parallèlement le commerce international a été freiné car tout ce qui était étranger était considéré comme une menace pour le régime.
L'empire était mené avec une discipline militaire et un grand respect de l'autorité. Les dissidents étaient impitoyablement punis ou exécutés. Hongwu aurait même transformé la garde de son palais en une forme de police secrète pour éradiquer les trahisons et les conspirations. Sa paranoïa était si profonde qu'il a mené des enquêtes de ce type qui ont abouti à 100,000 exécutions de fonctionnaires.

L'empereur Yongle et l'âge d'or des Ming
Après la mort de Zhu Yuanzhang, son petit-fils accéda brièvement au trône mais son règne n'a duré que quatre ans, se terminant en 1402 par un coup d'État lancé par Zhu Di, le quatrième fils de Zhu Yuanzhang. Zhu Di est devenu le troisième empereur de la dynastie Ming : l'empereur Yongle.
Le règne de Yongle est considéré comme l'une des périodes les plus prospères de cette dynastie. Il a également poursuivi le travail de son père au sein de la police secrète, accordant à cette force une autorité extrajudiciaire sans précédent.
Au début du 15e siècle, les Mongols ont connu une résurgence aux frontières de la Chine. L'empereur Yongle a donc décidé de déplacer la capitale de Nanjing à Pékin afin d'être mieux placé pour faire face à toute menace étrangère.
À grands frais, Pékin a été agrandie, entourée d'un mur de 10 mètres de haut et d'une longueur totale d'environ 15 kilomètres.
L'une des contributions durables des empereurs Ming dans l'histoire de la Chine a été la construction de la Cité interdite. Les travaux de la nouvelle résidence impériale ont commencé en 1407 et se sont terminés en 1420.
Les besoins de la ville en nourriture étaient tels que le Grand Canal fut approfondi et élargi afin que les navires céréaliers puissent facilement atteindre la capitale.
Si le règne de l'empereur Yongle a inauguré une ère de paix, elle ne devait pas durer pour ses successeurs. En 1449, l'empereur Zhengtong régnant est capturé par le peuple Oirat dans une situation qui sera connue sous le nom de crise Tumu. Bien qu'il ait finalement été libéré et rétabli au pouvoir, la menace croissante d'invasion des Oirats a conduit à la restauration et à la fortification de la Grande Muraille.
D'importantes sections de la Grande Muraille, telles que nous les voyons aujourd'hui, sont le résultat de ces efforts. Pourtant, cette défense colossale n'a tout simplement pas suffi à sauver l'Empire Ming.

La dynastie Ming à la découverte du monde
Le règne de Yongle fut globalement épargné par les accidents climatiques et les épidémies ce qui a créé des conditions favorables à la stabilisation de l'empire et à son expansion économique.
L'un des symboles durables de l'empressement de la dynastie Ming à étendre ses relations internationales est Zheng He, largement considéré comme le plus grand explorateur de la Chine. Zheng, un eunuque musulman devenu amiral de la flotte impériale, a été envoyé par l'empereur Yongle dans sept voyages diplomatiques entre 1405 et 1433, chaque voyage impliquant plusieurs centaines de navires.
Ces voyages ont marqué un moment important dans le contact avec les cultures étrangères. Les liens commerciaux se sont alors tournés vers la mer plutôt que vers la longue route de la soie terrestre. Zheng naviguera le long des routes établies vers la côte de l'Inde, le golfe Persique et la côte est de l'Afrique.
La poussée initiale de l'empire Ming a perdu son élan au milieu du 15e siècle, lorsque les Mongols ont retrouvé leurs force et que les pirates ont mis en danger les villes côtières du sud-est de la Chine.
Après la mort de l'empereur Yongle, son successeur ordonna de cesser les voyages. L'État impérial chinois a réorienté ses activités d'exploration maritime vers la protection de ses frontières intérieures contre des forces extérieures potentiellement dangereuses.
Cette décision a mis fin à la longue période d'ouverture et a plus ou moins fermé la porte de la Chine au monde extérieur, du moins au monde maritime. La dynastie Ming se retira à nouveau dans sa coquille.

Déclin et chute de l'empire
Dans l'ensemble, l'ère de la dynastie Ming semble avoir été une période de gouvernance puissante. Son père fondateur, Zhu Yuanzhang, a jeté les bases d'un régime fort et très centralisé. Cependant, les siècles successifs de la période Ming sont caractérisés par des périodes de faiblesse politique suivies par le déclin inévitable de la Nation. Les querelles politiques entre les membres de la famille de l'empereur et les ministres ont mis la Chine en pagaille.
Au début du 17e siècle, un phénomène climatique a provoqué de nombreuses mauvaises récoltes et des inondations, tandis qu'un fléau infectieux s'est abattu sur la population en 1642. De nouvelles réformes commerciales au Japon et en Espagne ont coupé l'approvisionnement en argent de la Chine, qui était alors nécessaire aux agriculteurs pour payer leurs impôts.
Tout comme sous la dynastie des Yuan, l'effet combiné de la famine, de la maladie et du fardeau fiscal a entraîné des rébellions à grande échelle. L'empire étant fortement affaibli, les Mandchous du nord ont vu leur chance et ont commencé à faire avancer leurs troupes vers la Grande Muraille.

Dans une tentative désespérée de repousser l'invasion, la cour impériale envoya un général militaire renommé nommé Wu Sangui pour engager le combat avec l'armée mandchoue. Malheureusement, alors que Wu Sangui se rendait à la Grande Muraille, un chef rebelle nommé Li Zicheng prit le contrôle de la capitale impériale en 1644. Les voyant entrer dans la ville le 15 avril, le dernier empereur Ming s'est pendu plutôt que d'être capturé.
Entouré d'ennemis de tous bords, les mandchous d'un côté et les rebels menés par Li Zicheng de l'autre, Wu Sangui se trouvait face à un dilemme dévastateur.
Finalement, il a fait le choix controversé de s'allier au peuple mandchou.
Lorsqu'il a ouvert les portes de la Grande Muraille dans l'espoir que les mandchous puissent réprimer la rébellion, ces derniers ont pris le pouvoir et ont établi leur propre dynastie, la dynastie Qing, prenant le contrôle de la Chine.
Le fabuleux héritage de la dynastie Ming
Avec la Cité interdite et la Grande Muraille, la dynastie Ming a laissé derrière elle un illustre héritage, une période caractérisée par la stabilité sociale et une grande stature internationale.
Les réformes agricoles ont permis une croissance économique significative et une augmentation du commerce international. Les ports chinois ont été ouverts aux étrangers, ce qui a attiré les Espagnols, les Néerlandais et les Portugais. En 1557, les Portugais ont même obtenu l'autorisation d'établir leur propre base commerciale à Macao.
L'expansion du commerce européen a conduit à l'introduction de nouvelles cultures et de nouveaux produits en Chine, notamment les piments qui feront partie intégrante de la cuisine de style Sichuan.
Ces éléments favorables permettront une augmentation considérable de la production alimentaire et par conséquent de la population.
Au cours du règne de la dynastie Ming, la population de la Chine passera de 60 millions d'habitants à presque 200 millions. La population de Pékin dépassant quant à elle le million d'habitants.
Aujourd'hui, l'héritage de la dynastie Ming est partout. La grande majorité des sites touristiques en Chine aujourd'hui datent des Ming. La grande muraille et la cité interdite bien sûr, mais aussi le temple du ciel ou bien jardins Yu à Shanghai.

Enfin, il faut parler des porcelaines bleues et blanches qui symbolisent aujourd'hui la dynastie Ming pour beaucoup de gens. Bien que les artistes de l'époque aient produit une large gamme de poteries, c'est cette porcelaine fine qui a été exportée avec un succès sans précédent. Déjà fabriquée par les dynasties précédentes, elle a été perfectionnée à un niveau d'artisanat supérieur sous les Ming.
La porcelaine était vendue dans toute la Chine ainsi mais elle était également très appréciée par les pays étrangers qui n'avait pas encore appris le secret de sa fabrication.