Pour qu'une personne soit considérée comme érudite, il fallait qu'elle se plonge dans les arts. Les idéaux chinois d'un homme instruit sont un test et une démonstration de la force de l'individu en matière de raison, de création, d'expression et de dextérité, et sont donc très appréciés en Chine, aujourd'hui comme dans les temps anciens.
Tous ces arts combinés constituaient une plate-forme permettant aux érudits de rivaliser entre eux en matière de créativité, d'expression, d'idées et de puissance de raisonnement. Ils ont créé un moyen par lequel les hommes pouvaient se juger les uns les autres au-delà de la valeur de leurs possessions.
Un Chinois qui excellait dans les arts était aussi respecté que le noble qui l'égalait. Ces quatre arts ont créé une culture dans laquelle l'art s'épanouissait librement au sein de la population.
Qín 琴, les instruments de musique
Dans l'antiquité, le 古琴 (gǔqín), désignait exclusivement un instrument de musique à cordes pincées. Progressivement, il en est venu à désigner tous les instruments de musique, sous le nom de 琴 (qín).
Le gǔqín est une cithare à sept cordes qui a été inventée il y a environ 3 000 ans. Doté d'une signification cosmologique et métaphysique, c'est l'instrument de musique le plus prestigieux de Chine. Il a eu une telle influence sur la société chinoise qu'il a même fait son entrée dans l'espace : le vaisseau spatial Voyager lancé par les États-Unis en 1977 contenait un disque vinyle d'un morceau de gǔqín.

Les compositeurs de la dynastie Han affirmaient que le gǔqín aide à cultiver le caractère, à comprendre la moralité, à implorer les dieux et les démons, à améliorer la vie et à enrichir l'apprentissage.
Les lettrés de la dynastie Ming, aimaient jouer en plein air, dans un cadre montagneux, un jardin ou un petit pavillon, ou encore près d'un vieux pin (symbole de longévité), tandis que de l'encens brûlant embaumait l'air. Une nuit sereine au clair de lune était considérée comme un moment approprié pour jouer.
Chaque partie de l'instrument est identifiée suivant la cosmologie chinoise : par exemple, la planche supérieure symbolise le ciel, la planche inférieure la terre.
Qí 棋, les jeux de société
Le Qi est un jeu de société que l'on appelle aujourd'hui wéiqí (圍棋) en chinois, ou go au Japon et en Occident, ce qui signifie littéralement « jeu d'entourage ». Les définitions actuelles du qí couvrent un large éventail de jeux de société.
Le jeu de go est un jeu dans lequel deux joueurs placent alternativement des pierres noires et blanches sur une surface de jeu constituée d'une grille de 19x19 lignes. Les pierres sont placées aux intersections de la grille, plutôt qu'à l'intérieur des cases comme aux échecs. Les pierres entourées sur quatre côtés par celles de la couleur opposée sont retirées du jeu, et la disposition générale des pierres ne doit jamais être répétée deux fois dans une partie.

Comme chaque coup jouer peut donner lieu à des centaines d'options pour l'adversaire, ce qui fait que les super-ordinateurs ont encore du mal à simuler l'intelligence artificielle du jeu de Go (même si en 2017, l'ordinateur a enfin réussi à triompher sur l'humain).
La partie se termine lorsque les deux joueurs conviennent qu'il n'y a plus de coups à jouer, et passent donc. Le jeu est alors marqué en comptant les points vides jouables que chaque joueur a encerclés, les pièces capturées remplissant le territoire de la même couleur.
Shū 書, la calligraphie chinoise
La calligraphie chinoise remonte aux origines de l'histoire chinoise, ou du moins depuis que les caractères écrits existent. Cet art est réputé être l'expression de la nature poétique des artistes, ainsi qu'un test important de dextérité manuelle.
La calligraphie chinoise a évolué pendant des milliers d'années, et son état d'évolution ne s'est arrêté que lorsque les caractères chinois ont été unifiés à travers l'empire. La calligraphie était l'art par lequel un érudit pouvait composer ses pensées pour les immortaliser. C'était le moyen pour l'érudit de créer une poésie expressive et de partager son savoir.
Le processus calligraphique est également structuré de la même manière que le wéiqí (jeu de go). Un ensemble minimaliste de règles traduit un système d'une complexité et d'une grandeur incroyables. Chaque caractère de l'écriture chinoise est construit de façon uniforme, à l'intérieur d'une zone géométrique dans laquelle il doit apparaître. Seules quatre formes de base sont utilisées dans la création du caractère, à savoir le carré, le triangle et le cercle.

Chaque caractère a un nombre déterminé de coups de pinceau, aucun ne doit être ajouté ou enlevé au caractère pour l'améliorer visuellement, sous peine de perdre le sens. Enfin, une stricte régularité n'est pas requise, ce qui signifie que les traits peuvent être accentués pour un effet de style plus dramatique.
La calligraphie était le moyen par lequel les érudits pouvaient transcrire leurs pensées et leurs enseignements pour les nouvelles générations et, à ce titre, elle représente certains des trésors les plus précieux que l'on puisse trouver dans la Chine ancienne.
Huà 畫, la peinture chinoise
La peinture au pinceau est le dernier des arts qu'un lettré est censé apprendre, et permettait sans conteste la plus grande créativité individuelle. Par la peinture, un noble démontrait sa maîtrise de l'art du trait.
Souvent, les peintures chinoises étaient réalisées sur une feuille de papier de riz blanc ou de soie en utilisant uniquement de l'encre noire et un seul pinceau. Ces peintures étaient réalisées pour démontrer la puissance d'un seul trait et reflétaient une compétence qui valorisait les coups de pinceau intentionnels et calculés par rapport à la création instinctive.
Dans une peinture chinoise se reflétait la capacité de l'artiste à évaluer sa propre imagination et à l'enregistrer de manière claire et concise.

Au sens étroit, la peinture chinoise se réfère uniquement à la peinture à l'encre, tandis qu'au sens large, elle inclut non seulement tous les styles traditionnels ainsi que la peinture sur céramique, ainsi que les peintures à l'huile chinoises modernes.
Il existe de nombreuses différences dans les principes de la peinture chinoise et de la peinture occidentale. La peinture chinoise se concentre sur la similitude de l'esprit plutôt que de la forme, met l'accent sur l'observation sommaire et non sur la copie sur place, et prête attention à l'ambiance plutôt qu'à la reproduction de la scène.
La peinture chinoise moderne a commencé à absorber certaines des techniques de peinture occidentales, telles que la configuration de l'éclairage et la précision de l'anatomie humaine ; d'autre part, certains artistes appliquent également l'accent mis sur les émotions dans la peinture à l'huile.