Les 4 trésors du lettré dans la calligraphie chinoise

Les 4 trésors du lettré : les outils indispensables de la calligraphie chinoise

La calligraphie chinoise est un art unique, avec des outils considérés comme les 4 trésors du lettré : le pinceau (筆 bĭ), l'encre (墨 mò), le papier (紙 zhĭ), et la pierre à encre (硯 yàn). Également appelés 文房四宝 (les quatre trésors de l'étude), c'est à travers eux que s'exprime la beauté de l'art chinois.

La calligraphie chinoise (書法 shūfǎ) est l'un des traits les plus distinctifs de la culture chinoise. Sa traduction littérale, « la voie de l'écriture », exprime la racine même de l'art et des liens étroits entre les caractères chinois et la peinture. C'est un art où fusionnent la langue, l'histoire, la philosophie et l'esthétique chinoises.

Tout calligraphe a besoin de ces « quatre trésors », qui sont soigneusement choisis et considérés avec beaucoup de respect. Pendant la période de gloire des arts et des lettres, sous la dynastie Tang (618-907), puis sous la dynastie Song (960-1279), leur fabrication a reçu une attention toute particulière, et a vu l'émergence de spécialistes réputés.

Le pinceau (毛笔 máo bǐ)

L'usage du pinceau remonte très loin dans l'histoire de la Chine ; des traits de pinceau rouges et noirs ont été découverts sur des os d'oracle de l'époque de la dynastie Shang (1700 - 1100 avant JC). Le plus ancien pinceau trouvé remonte à la période des Royaumes Combattants (475 - 221 avant JC), dans la province du Hunan.

Dans la calligraphie chinoise, le pinceau joue le rôle le plus important, et demande beaucoup de technique, notamment de la souplesse dans le mouvement.

La pointe du pinceau, qui a la particularité d'être flexible, et faite à partir de poils de différents animaux. Selon l'animal, la partie du corps et la saison à laquelle les poils ont été collectés, différents degrés de fermeté et de douceur sont obtenus.

Pinceau de calligraphie chinoise

Les poils les plus souples contiennent plus d'encre, et les traits sont plus difficiles à contrôler, c'est pourquoi ils sont surtout utilisés pour écrire de grands caractères. Pour les plus petits, des poils plus rigides qui retiennent une quantité moins importante d'encre, tels que ceux de belette, sont plutôt utilisés.

Parfois, afin d'allier la force à la douceur, on combine deux types de poils (兼毫 jiān háo) afin d'obtenir d'une part une certaine rigidité du pinceau, et d'autre part une douceur du trait et une capacité absorbante de l'encre. Le noyau est alors composé de poils durs, et la couronne externe de poils plus souples. Ce type de pinceau est très populaire auprès des peintres et des calligraphes.

Une des caractéristiques de la calligraphie chinoise, par rapport à l'écriture occidentale, est de pouvoir faire varier l'épaisseur des traits en jouant sur la pression et la vitesse du mouvement. C'est ce qui donne toute la beauté à cet art.

Même si l'utilisation des plumes, puis des stylos à bille, ont réduit ou uniformisé cette épaisseur des tracés, le pinceau reste l'outil roi pour dessiner des caractères chinois avec beaucoup d'esthétique.

Le manche, ou hampe, est le plus souvent fabriqué en bambou, sur lequel des caractères peuvent être sculptés. Sur les pinceaux les plus précieux, il est possible de trouver des inscriptions utilisant l'or ou l'argent.

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Le papier (紙 zhĭ)

Le papier a été développé pour la première fois en Chine dans la première décennie de l'an 100 de notre ère, sous la dynastie Han (206 avant JC - 220 après JC), et constitue une immense contribution à l'humanité toute entière. Avant cette invention, des lamelles de bambou et de soie étaient utilisées comme support d'écriture.

Plusieurs méthodes de fabrication du papier se sont développées au cours des siècles en Chine. Cependant, le papier qui était considéré comme ayant la plus grande valeur était celui de Xuan (宣紙, xuānzhǐ), que l'on appelle généralement « papier de riz », qui est produit dans la province d'Anhui.

Cette forme particulière de papier, est délicate, sa texture est fine, elle ne se déchire pas facilement, et elle possède une longévité remarquable à tel point que ce papier a la réputation de durer 1 000 ans !

Les artistes calligraphes apprécient un papier avec une texture grossière et absorbante. La qualité du papier dépend des méthodes de traitement utilisées pour le produire, ce qui déterminera la capacité d'absorption de l'encre par les fibres, ainsi que la rigidité du papier lui-même. Les papiers non traités sont très absorbants et assez malléables, tandis que les papiers traités absorbent moins d'encre et sont plus rigides.

Papier de calligraphie chinoise

Traditionnellement, la calligraphie chinoise est toujours réalisée sur du papier blanc, bien que d'autres types de papier soient également utilisés pour des occasions spéciales, comme le rouge pour les festivals.

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Le bâtonnet d'encre (墨 mò)

Pour utiliser le pinceau, il faut de l'encre. Aujourd'hui, la plupart des débutants en calligraphie utilisent de l'encre liquide, car elle est bon marché et pratique. Les calligraphes expérimentés, quant à eux, font leur propre encre à partir de bâtonnets afin de contrôler plus la précisément la consistance.

L'encre utilisée en calligraphie chinoise traditionnelle est toujours noire. Elle est fabriquée essentiellement à partir de deux ingrédients : de la suie et de la colle. Le mélange est alors pressé dans un moule pour lui donner une forme et ensuite mis à sécher. Ce processus peut prendre 6 semaines, selon les dimensions du bâton d'encre.

Lorsque le moule est retiré et que les pièces sont sèches, les bâtons d'encre sont alors décorés de motifs et de caractères peints.

Comme la qualité de l'encre a une influence directe sur la qualité finale de la calligraphie, les artistes accordent beaucoup d'importance au choix de l'encre et à sa préparation.

Une bonne encre sera homogène, noire, fine et ferme, avec une teinte éclatante et vive.

Bâtonnet d'encre pour calligraphie chinoise

L'encre devient imperméable lorsqu'elle est appliquée sur le papier. Une grande quantité d'encre donne des caractères plus gros et plus gras. Dans un trait plein, l'encre s'enfonce dans le papier pour produire une ligne solide, tandis qu'un coup de pinceau rapide produit des lignes avec des stries blanches.

L'encre serait apparue sous la dynastie Shang, et au fil des siècles, la fabrication des bâtonnets est devenue un art. Depuis la dynastie Tang, Huizhou, dans la province d'Anhui, produit les bâtons d'encre les plus appréciés, appelés Huīmò (徽墨). Parfumés avec du musc et d'autres aromates précieux de la médecine chinoise, ils sont encore produits aujourd'hui à Shèxiàn (歙县)

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La pierre à encre (硯 yàn)

Indispensable compagnon du bâtonnet d'encre, la pierre à encre chinoise a de multiples usages. Elle est généralement constituée d'une pierre naturelle fine, sombre, solide, plate et lisse, avec une partie destinée à contenir l'encre. Une pierre à encre doit être suffisamment lourde, et elle est souvent finement sculptée ce qui en fait une œuvre d'art à part entière.

Pierre à encre pour calligraphie chinoise

Les calligraphes expérimentés choisissent souvent de moudre leur propre encre, notamment lorsqu'ils ont l'intention de produire des tons ou des consistances d'encre particulières. La pierre à encre est alors utilisée pour broyer le bâton d'encre en poudre, qui sera ensuite mélangée avec de l'eau dans la partie creusée, afin d'obtenir une encre utilisable pour la calligraphie.

Une bonne pierre à encore est assez fine pour pouvoir poncer doucement le bâtonnet d'encre avec un peu d'eau. Dure et non-poreuse, elle ne doit pas non plus abîmer les poils du pinceau qui s'imprègnent d'encre.

Les plus anciennes pierres à encre connues remontent à la dynastie Han. Leur production a atteint son apogée sous les dynasties Tang et Song, devenant des œuvres d'art extrêmement complexes qui se conservent longtemps et se transmettent de génération en génération.

Dans l'antiquité, les lettrés avaient leur nom ou un poème favori gravé sur la ou les pierres qu'ils utilisaient et qui leur servaient d'objets de décoration. Plus tard, on créa des pierres à encre comme de pures œuvres d'art et décoratives.

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Les quatre trésors de la calligraphie chinoise (pinceau, papier, encre et pierre à encre) ont joué un rôle fondamental dans la culture chinoise. La véritable beauté de la calligraphie réside dans le fait qu'ils travaillent ensemble pour exprimer des intentions artistiques.

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