Ce principe d'une force vitale motrice est, commun à de nombreuses cultures et traditions religieuses. Au Japon, il est ainsi appelé « ki », et en Inde, « prana » ou « shakti ».
Le mystérieux Qì pour les Occidentaux
Le concept taoïste du Qì n'est pas facilement compréhensible par les occidentaux, car ce n'est pas un concept qui apparaît dans les religions ou les philosophies dominantes occidentales. De même, les traditions médicales et scientifiques occidentales ne reconnaissent souvent pas le Qì ou n'ont aucune place pour lui dans leurs théories.
Pourtant, en Chine et dans une large partie de l'Asie du Sud-Est, le concept taoïste du Qì est très familier, voire banal. Tout le monde le comprend, et ses applications font autant partie de la vie courante que les idées de tonus musculaire et de forme physique dans la vie occidentale.
Certains Occidentaux cherchent une définition concrète et pratique du Qì, et tentent de l'exprimer en termes scientifiques. Cela est difficile car la plupart ne connaissent pas la culture chinoise et ne peuvent donc pas comprendre exactement ce qu'est vraiment cette « énergie vitale ».
Le concept de Qì lui-même est le produit d'une façon typiquement orientale de regarder le monde, qui voit des systèmes plutôt que des composants et tente de chercher une cohérence plutôt que de disséquer la matière et les forces du monde.
La science occidentale démonte les choses ; alors que l'approche chinoise voit une intégration du tout. Les deux approches sont complémentaires, et même nécessaires pour une compréhension approfondie des choses. Le concept de Qì livre ainsi ses secrets à contrecœur à la plupart des Occidentaux, au style réductionniste.
Il est largement admis par les Occidentaux que le Qì est immatériel et qu'il relève donc de la catégorie de l'énergie. Si nous le considérons comme une « force vitale », il faut le voir comme un agrégat d'idées que les Occidentaux auraient tendance à séparer. Le Qì évoque la circulation, à la fois du fluide lymphatique et du sang, et comprend également la chaleur, la bioélectricité, le son et même l'énergie photonique (la lumière).
Le Qì, un concept de pensée entre science et philosophie
La notion de Qì remonte loin dans l'histoire de la Chine, probablement dès la dynastie Shang (il y a 3500 ans). Elle était alors étayée par d'anciennes observations astronomiques de la direction des queues de comètes, qui s'éloignent toujours du soleil, quel que soit leur sens de déplacement. Cela montrait que le soleil émet un champ ou une force invisible, comme le Qì.
Le Qì est ainsi fortement lié au Feng Shui, au Yin-Yang et à la médecine traditionnelle chinoise. Renforcer la circulation et l'accumulation du Qì est une activité essentielle pour les praticiens.
Malgré son intérêt pour décrire les schémas de vie, le Qì est cependant beaucoup plus proche de l'approche philosophique des sciences humaines que de la théorie des sciences naturelles. Son objectif est de saisir la conception biologique du corps humain, mais aussi des plantes et des animaux en tant qu'organismes vivants. Il ne peut pourtant pas être réduit à une énergie abstraite flottante, ni être décrit comme une énergie matérielle dotée d'un corps propre.

Les bienfaits d'un Qì équilibré sur la santé
La médecine traditionnelle chinoise décrit la maladie comme un état de déséquilibre du Qì dans différentes zones de l'organisme. L'acupuncture est notamment utilisée pour bloquer et contrôler le flux dans le corps. On dit que le Qì circule le long des méridiens autour du corps et les aiguilles sont insérées à l'endroit approprié en fonction de la maladie à traiter.
Le Qìgōng (气功) comprend quant à lui des exercices de respiration et de mouvement. Il est considéré comme un moyen d'améliorer la santé et la qualité de vie globale en équilibrant activement le Qì. C'est l'un des cinq piliers de la médecine traditionnelle chinoise.
Bien que nous ayons l'habitude de percevoir notre monde en termes de formes solides, le taoïsme enseigne que nous pouvons nous entraîner à le percevoir d'autres manières. Et un bon point de départ, c'est notre propre corps humain. Bien que nous percevions notre corps comme étant plutôt solide, au niveau moléculaire, il est composé principalement d'eau, une substance très fluide ! Et au niveau atomique, il est composé à 99,99 % d'espace, un vide immense. Le pratique du Qìgōng cultive cette capacité de percevoir à tous ces niveaux différents.

Quelle est la relation entre le Qì et le Yin et le Yang ?
Tout ce qui est Yin contient un élément de Yang, et tout ce qui est Yang contient un élément de Yin. Il n'y a rien d'aussi solide ou matériel (Yin) qui ne contienne une vibration énergétique (Yang), et rien d'aussi immatériel (Yang) qui ne contienne également une certaine substance matérielle (Yin).
Le Yin et le Yang changent continuellement ; ils s'ajustent constamment l'un à l'autre et se transforment sans cesse l'un dans l'autre dans une danse éternelle. Ce concept de changement est magnifiquement illustré par l'image simple du symbole du Yin et du Yang.
Lorsque tous les aspects Yin et Yang du Qì sont en harmonie les uns avec les autres, il y a santé, bien-être et contentement. Lorsque le Yin et le Yang sont en désaccord, lorsqu'il y a trop ou trop peu d'un aspect du Qì par rapport à un autre, alors il y a maladie, douleur et souffrance.
Le Qi et le Feng Shui
La pratique du Feng Shui prend en compte le flux naturel du Qì, tout en le considérant plus comme un « air » que comme une force vitale. Les bâtiments doivent être situés là où il y a un flux de Qì sinueux mais régulier. Les lignes droites sous forme de routes, de rivières, de lignes électriques donnent un flux direct de Qì trop fort, tandis que les obstacles peuvent conduire à une stagnation du Qì, là où il n'y a pas de flux naturel. Il faut donc viser un juste milieu pour que le Qì s'écoule en courbes douces.
Cela peut être observé dans la conception des jardins chinois ainsi que dans la conception des bâtiments et des villes. On pense que les arbres génèrent un excès de qi, en particulier le matin, de sorte qu'il est possible d'en bénéficier en faisant de l'exercice tôt le matin dans un parc public. Les pagodes étaient construites là où le flux de qi était stagnant afin de le revitaliser. Les bâtiments élevés bloquaient le flux et c'est l'une des raisons pour lesquelles les habitations ne comportaient à l'origine que deux niveaux au maximum.
Le feng shui tient compte de ces flux de qi, mais aussi des directions de la boussole.