Un climat inhospitalier et aride mais une grande diversité ethnique
Le nom Xinjiang signifie littéralement « nouvelle frontière » et peut sembler plutôt trompeur, car cette région fait officiellement partie de la Chine depuis 1884. Pourtant, son nom officiel, la région autonome ouïgoure du Xinjiang, est tellement long qu'il n'est pas étonnant que les gens aient choisi de l'abréger !
Situé à l'extrême nord-ouest du pays, le Xinjiang est la plus grande province de la Chine et, avec plus de 1,6 million de kilomètres carrés elle représente un sixième du territoire total de la Chine. C'est plus grand que la France, l'Allemagne et l'Espagne réunies, mais seulement 4% de sa superficie est considérée comme habitable.
Il existe 55 minorités ethniques officiellement reconnues en Chine, mais vous ne le remarquerez peut-être pas si vous ne restez que dans les grandes villes comme Pékin ou Shanghai. Si vous voulez vraiment avoir un aperçu de la diversité des peuples qui composent la Chine, vous devriez voyager dans cette province aux confins de la Chine.
Le Xinjiang abrite notamment les Ouïghours, les Kazakhs, les Tadjiks, les Hui, les Kirghizes et les Mongols, dont la plupart sont religieusement musulmans. Les Ouïghours représentent environ 44% de la population totale et vivent majoritairement au sud des monts Tian Shan. Les Hans sont majoritaires dans la partie nord et que les Kazakhs dominent la partie la plus au sud.
Alors, pourquoi une telle diversité ? Cela a beaucoup à voir avec la taille et la situation géographique.
Le Xinjiang est bordé par huit pays : la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Inde. De par sa position centrale, c'était autrefois le cœur bouillonnant de la route de la soie, un réseau de routes commerciales reliant l'Asie, l'Europe et le Moyen Orient.
La région tenait ainsi une place importante pour cette voie commerciale, car plusieurs de ses villes, dont Urumqi, Kashgar et Turfan, étaient autrefois des étapes clés de cette route et permettait éviter l'impitoyable désert de Takla Makan.
Tensions entre Ouïgours et Gouvernement chinois
Le Xinjiang est toujours une zone d'agitation politique, notamment en raison d'une série de sanglants attentats perpétrés par des séparatistes voulant instaurer un état islamique dans la région. Le gouvernement chinois a pris les choses à bras le corps pour mettre fin au terrorisme religieux qui a gangrené la région pendant plus de 15 ans et faisant des centaines de morts.
Vu de l'occident, le Parti Communiste Chinois tente d'exterminer les musulmans et éradiquer la culture Ouïghoure. Il suffit de visiter la région pour se rendre compte que la réalité est tout autre.
Aujourd'hui le Xinjiang est redevenu une région sûre pour les touristes étrangers et le tourisme se développement rapidement, même si cela implique des changements importants.
Par exemple la province compte 22 millions d'habitants alors qu'il y a un siècle ils n'étaient que quelques millions. L'explosion démographique des minorités ethniques (non soumises à la politique de l'enfant unique) puis les vagues de migration des Hans incitées par le gouvernement pour assurer le développement économique de la ragion ont fait exploser la population jusqu'à son chiffre actuel.
Le Nord s'est rapidement développé, suivant sur le modèle des villes de l'Est du pays. Le Sud conserve encore son charme sauvage mais le développement du tourisme implique forcément une certaine perte d'authenticité. Il en est ainsi partout dans le monde mais cela permet également d'élever le niveau de vie des populations locales.
Est-ce que visiter le Xinjiang est sûr pour un étranger ?
La région a connu de nombreuses émeutes et manifestations violentes, notamment des attaques à la bombe, des attentats suicides et des voitures qui foncent dans la foule qui ont fait des centaines de morts. Il n'est pas surprenant que la sécurité au Xinjiang soit stricte. Il y a une forte présence policière dans toute la province, en particulier à l'intérieur des villes et des villages.
Cependant, vous devez comprendre quelque chose : les forces de sécurité sont là uniquement pour assurer la sécurité et pas pour faire de la répression. D'ailleurs, si vous avez un problème, que vous cherchez votre chemin, n'hésitez pas à demander à un policier qui se fera souvent un plaisir de vous aider.
En tant qu'Européen, cela pourra vous sembler oppressant de voir tant de caméras de surveillance, de contrôles routiers, de policier à l'entrée des hôtels. Mais ce n'est pas sans rappeler ce que l'on peut vivre en France lorsque le plan Vigipirate est activé. L'objectif est de prévenir ou déceler, le plus en amont possible, toute menace d’action terroriste, ainsi que d'assurer la protection des citoyens.
Mais ce n'est pas pour autant que l'on vous empêchera de visiter de Xinjiang. Au contraire, c'est une région qui s'ouvre de plus en plus ou tourisme, les Chinois veulent que vous veniez la visiter et vous rendre compte par vous même de ce qui s'y passe vraiment. Depuis 2015, il n'y a plus aucun attentat dans le Xinjiang, la paie est revenue.
Avez-vous besoin d'un permis spécial pour visiter Xinjiang ? Réponse simple : non. La région autonome du Xinjiang n'est pas comme le Tibet, où les étrangers ont besoin d'un permis pour entrer. Vous êtes libres de visiter et de vous déplacer à votre guise.
Que visiter dans le Xinjiang ?
Géographiquement, la région est divisée par la chaîne est-ouest des monts Tian Shan, avec au nord la grande steppe du bassin du Dzungarian au sud le bassin du Tarim avec de grandes portions du désert. Les montagnes enneigées, les déserts brûlants et les paysages arides et secs constituant la majorité du territoire : préparez-vous à recevoir du sable dans vos chaussures !
Ürümqi la capitale de la province comme point de départ
Ürümqi, la capitale de la province, pourrait être n'importe quelle grande ville chinoise et la plupart de ses habitants sont des Hans. Mais si vous vous rendez à Kashgar, qui est majoritairement ouïgoure, vous comprendrez pourquoi le nom complet du Xinjiang est la région autonome ouïgoure du Xinjiang.
Cette mégapole de 3,5 millions d'habitants avec ses gratte-ciel modernes et l'une des villes les plus isolées de la planète. Elle n'a pas vraiment d'histoire ancienne ni de coeur historique et ne compte pas beaucoup de lieux d'intérêt. Cela peut sembler un peu décevant mais elle est souvent le point de départ d'un voyage au Xinjiang, ce serait une erreur de s'en échapper sans l'explorer d'abord !
Turpan
Turpan est l'un des joyaux du Xinjiang, un lieu à prédominance ouïghoure à l'histoire ancienne, à la culture locale unique et à la géographie spécifique. C'est en effet l'une des villes les plus basses non seulement du Xinjiang, mais aussi de toute l'Asie.
Depuis les temps anciens, Turpan a accueilli de nombreuses civilisations, peuples et royaumes. Autour de la ville, vous verrez des vignobles partout ; Turpan est la ville des raisins, un conte de fées de l'ancien temps qui existe encore aujourd'hui.
L'attraction principale de la ville est le Minaret d'Emin, est situé à l'est du centre-ville. Il n'y a pas de bus qui s'y rendent mais c'est une formidable occasion de marcher dans les ruelles et les ruelles des environs.
Kuqa
Lorsqu'il s'agit de voyager au Xinjiang, des endroits comme Kashgar, Turpan et Yili sont souvent à l'honneur. Cependant, il existe de nombreuses autres villes et villages plus petits qui valent le détour si vous avez le temps. Kuqa est l'une de ces villes qui mérite d'être visitées si vous aimez l'histoire de la Route de la soie ou la culture ouïghoure.
Malgré sa relative discrétion, Kuqa a une histoire qui s'étend sur des milliers d'années et a été considérée comme un centre majeur du bouddhisme.
Les grottes des Mille-Bouddhas de Kizil sont situées à 67 kilomètres à l'ouest de Kucha. Ce sont les plus anciennes du genre en Chine et les plus grandes ruines de la culture bouddhiste du Xinjiang. Elles sont même plus anciennes d'un siècle que les célèbres grottes de Mogao, dans le Gansu.
Yili
Située à l'extrême nord du Xinjiang, Yili est la seule préfecture autonome Kazakhe de Chine (25% de sa population est Kazakhe). La ville principale est Yining, et historiquement elle était également connue sous le nom de « Ghulja », qui est le nom local encore utilisé par de nombreux Ouïghours et Kazakhs de la région.
Vous y trouverez de vastes prairies vertes, des hautes montagnes enneigées, des lacs clairs et des mers de fleurs colorées. Le lac Sayram est à la fois le plus grand et le plus haut lac alpin de tout le Xinjiang. Entouré de prairies, la vue est absolument superbe !
Kashgar, à l'extrême ouest du Xinjiang
C'est là, à un important carrefour des célèbres routes de la soie, que s'est établie une autre ville magnifique. Il s'agit de Kashgar, une colonie ouïgoure isolée, entourée à la fois de désert et de certaines des plus hautes montagnes de la planète.
Pour beaucoup, c'est la ville qui définit le Xinjiang. Une ville plus proche de Bagdad que de Pékin. Mais bien que ce soit très différent du reste de la Chine, de nombreux rappels vous rappellent que vous êtes toujours dans l'empire du milieu.
Comme Turpan, Kashgar est une ville qui a une histoire millénaire. Bien qu'il n'y ait pas d'anciens vestiges, culturellement parlant, Kashgar a encore plus à offrir.
Avec ses ruelles étroites et ses murs couverts de fleurs, la vieille ville de Kashgar est un endroit idéal pour se promener pendant des heures. Les foules se rassemblent généralement dans les environs de la mosquée Id Kah.
Que manger dans le Xinjiang ?
La cuisine du Xinjiang est fantastique, et c'est l'une de ses plus agréables surprises. Les brochettes d'agneau se trouvent à tous les coins de rue et constituent un délicieux en-cas lorsque vous explorez les bazars et les marchés de nuit animés de la région.
Le Xinjiang est dominé par la minorité ethnique ouïghoure et d'autres groupes musulmans tels que les Hui et les Dongxiang, de sorte que la nourriture est principalement halal sans porc. En écho à l'histoire de la route de la soie, les habitants ont apporté leur propre touche aux nouilles chinoises. Les saveurs du Xinjiang sont également influencés par de nombreuses nationalités, telles que les Tibétains, les Mongols, les Perses, les Turcs.
Les épices et les assaisonnements très parfumés sont largement utilisés dans la cuisine, ce qui la rend différente des autres styles à travers la Chine.
Climat du Xinjiang et meilleure période pour visiter
Le meilleur moment pour visiter le Xinjiang dépend de l'endroit où vous voulez aller, car la région possède un climat très différent entre le nord et le sud.
- La meilleure période pour visiter le nord du Xinjiang est de juin à septembre. Vous pourrez apprécier les prairies colorées ainsi que les lacs de montagnes. En septembre, le lac Kanas et ses environs se transforment progressivement en un paysage d'automne coloré, avec des forêts de bouleaux dorés, ce qui en fait un paradis privilégié des photographes ;
- Le sud du Xinjiang se visite idéalement de fin mars à début novembre, mais c'est une destination qui se découvre toute l'année, et vous ne serez pas limités par la météo pour découvrir sa culture et son histoire. Entre août à octobre, le temps est confortable et frais sans tempête de sable comme vous pourriez en avoir au printemps.
Comment se rendre dans le Xinjiang ?
Le principal aéroport international du Xinjiang se trouve à Urumqi, mais il est peu probable que vous trouviez des vols depuis l'Europe. Vous devrez donc d'abord atterrir dans une des grandes villes chinoises (généralement à Pékin) pour ensuite faire un transfert. L'aéroport de Kashgar est également assez bien desservi par des vols intérieurs mais souvent Urumqi est une meilleure option.
Le train permet de facilement se déplacer à l'intérieur de Xinjiang, surtout qu'une nouvelle ligne à grande vitesse a été ouverte entre Urumqi et Turpan, réduisant le temps de trajet entre les deux à 90 minutes. Mais arriver depuis la côté Est par la voie ferrée demande beaucoup de patience, il vous faudra plus de 30 heures depuis Pékin ! Les vols intérieurs restent définitivement la meilleure solution pour arriver dans la province.
Quel est le décalage horaire dans le Xinjiang ?
C'est certainement un des rares endroits dans le monde où vous pouvez vous demander « quelle heure est-il ? » et avoir un doute lorsque l'on vous demandera « heure du Xinjiang ou heure de Pékin ? »
Techniquement parlant, de part son étendue, la Chine devrait être divisée en 5 fuseaux horaires, mais en 1949 un seul fuseau horaire a été mis en place, mais la vie quotidienne est restée la même.
Bien qu'Urumqi soit située à 2 400 kilomètres et à deux fuseaux horaires à l'ouest de Pékin, les habitants vivent à l'heure de Pékin mais les horaires sont décalés pour s'adapter à la course du soleil. Les habitants du Xinjiang commencent à travailler à 10 ou 11 heures, déjeunent à 14 heures et rentrent chez eux à 19 heures. Tout est donc délacé de 2 heures.
Les Chinois Han travaillent à l'heure de Pékin, mais de nombreux Ouïghours de la région travaillent à l'heure du Xinjiang. Les chaînes de télévision adoptent différents fuseaux horaires, utilisant l'heure de Pékin pour leurs chaînes en mandarin et l'heure du Xinjiang pour leurs émissions en langue ouïghoure.
Tous les transports utilisent également l'heure de Pékin.