Aussi appelée la « cité interdite pourpre » , elle a été pendant près de 500 ans totalement interdite aux gens ordinaires. Personne n'était autorisé à entrer dans la cité sans la permission de la maison royale, et l'imposante muraille de la cité rendait impossible toute tentative d'y entrer par un autre moyen.
Contexte historique et début de la construction
Le complexe du palais a été construit sur ordre de Zhu Di (l'empereur Yongle), couronné empereur en 1402 après avoir renversé son neveu par la force. Après son ascension, il décida de déplacer la capitale impériale de Nanjing vers la ville de Pékin.
L'objectif était de se rapprocher du nord pour être plus près des Mongols qui continuaient à attaquer régulièrement la Chine. De plus, Nanjing était une ville mal protégée, et surtout pleine de personnes soumises au petit-fils de l'empereur, dont il avait pris la place.
Le déménagement de la capitale et la construction d'un nouveau complexe de palais était une opération immense qui impliquait l'expansion du système de canaux et la mobilisation d'environ un million de travailleurs pour abattre des arbres, extraire des roches, fabriquer des briques et transporter des fournitures, parmi les nombreuses autres activités nécessaires.
La construction commença en 1406 et s'est achevée en 1420.
Les premiers travaux ont consisté à défricher le terrain et creuser les fondations, mais surtout creuser les douves de plus de 50m de large qui entourent le mur de protection. La terre extraite de ces travaux a été empilée au nord du site sous la forme d'une nouvelle colline appelée « La colline du charbon », en raison de sa couleur sombre.

La construction des murs épais est allée de pair avec celle des pavillons, qui avançaient ensemble. C'était à la fois un travail pénible pour monter les remparts, et un autre de précision et de méticulosité pour les pavillons. Le résultat suggère la qualité du travail effectué à cette époque, qui ne disposait pas de matériaux de construction performants.
Le complexe se compose d'environ 980 bâtiments, principalement de couleur jaune et rouge, entourés d'un mur de 10 mètres de haut et d'un fossé de 52 mètres de large. La cité est configurée selon un axe nord-sud qui s'aligne sur l'étoile polaire, soulignant la position de l'empereur en tant que fils du ciel.
Des principes architecturaux inspirés par la philosophie spirituelle taoïste
Tout le palais est construit le long d'un axe central, l'axe du monde. Si la position et l'aménagement de nombreuses villes chinoises sont influencées par le Feng Shui et la Cité interdite en est sans aucun doute un superbe exemple.
Le Feng Shui, qui se traduit littéralement par « vent » et « eau », est l'étude du flux d'énergie passant par un lieu donné afin d'en définir les aménagements pour une bonne qualité de vie sur le site. Les Chinois, dès l'Antiquité, avaient établi que les flux d'énergie parcouraient tous les êtres vivants dans le but de les irriguer. Ils ont dessiné une médecine traditionnelle qui leur est propre, une médecine basée sur l'étude des méridiens du corps.
Tout d'abord, il fallait se protéger des vents du nord, et la situation de Pékin, dans une plaine, entre deux rivières, ne semblait pas idéale. Mais la présence de montagnes au nord permettait de couper ces flux néfastes. Aussi à l'intérieur de la ville de Pékin la « colline du charbon » permettait également d'arrêter ces vents au niveau du mur nord de la Cité interdite.

Le Yin et le Yang sont les deux souffles primordiaux de la vie, ils sont dérivés du Qi, l'énergie universelle qui circule dans toute chose. Dans la Cité interdite, les bâtiments les plus importants sont orientés vers le Sud, la face du Yang. Le pavillon de l'harmonie préservée est quant à lui orienté au nord, associé au Yin car c'était une salle de banquet. Entre les deux, le pavillon du milieu symbolise l'équilibre. C'est donc un équilibre subtil qui a été respecté pour la construction de la Cité interdite.
Au total 24 empereurs ont occupé la Cité interdite
Elle était nommée ainsi parce qu'elle n'était accessible qu'à l'empereur, à sa famille proche, à ses femmes et à des milliers d'eunuques et de fonctionnaires. Pour qu'un homme ordinaire puisse y entrer, il faudrait probablement qu'il devienne eunuque, qu'il se fasse castrer. Même dans ce cas, il devait encore gravir les échelons pendant de nombreuses années avant de se rapprocher de l'empereur et de ses femmes.
La partie Sud, également appelée la cour extérieure, se termine dans le plus grand bâtiment, le « Pavillon de l’Harmonie suprême ». C'était généralement l'endroit où se déroulaient les affaires officielles. La partie Nord, également appelée cour intérieure, abritait les résidences de l'empereur et de sa famille ainsi que le harem où étaient gardées ses concubines.

L'un des événements les plus importants de la Cité interdite s'est produit en 1644. Cette année-là, une armée rebelle a attaqué Pékin, forçant le dernier empereur de la dynastie Ming à se suicider.
L'armée mandchoue a été appelée par les derniers partisans des Ming à marcher sur Pékin et à chasser les rebelles. Ils ont réussi, mais le prix de leur succès a été la fondation d'une nouvelle dynastie dirigée par les Mandchous et connue sous le nom de dynastie Qing. Leurs dirigeants allaient reconstruire Pékin et une grande partie de la Cité interdite après la dévastation causée par les forces rebelles.
En 1731, les Qing construisent le pavillon de l'abstinence et en 1798, le palais de la pureté céleste est transformé, il prend la forme que nous lui connaissons aujourd'hui.
La cité interdite a été constamment rénovée tout au long de ses 600 ans d'histoire, et les travaux les plus importants concernaient les pavillons en bois, sujets à des incendies qui se déclaraient régulièrement.
Sous la dynastie Qing, pendant le long règne de Qianlong, l'empereur a fait un grand travail dans la cité impériale. Il créa un palais indépendant du reste de la cité, à l'angle Nord-Est, une série de bâtiments de 400 mètres de long par 200 dans lesquels il construisit un palais, des bâtiments annexes et un jardin. Ce furent les plus grands travaux réalisés sur le complexe, de tous les temps.
L'époque récente
La dynastie Qing sera la dernière dynastie impériale de Chine, et se terminera avec l'abdication du dernier empereur Puyi, âgé de 5 ans. C'est en 1912, année où une armée de rebelles a réussi à s'organiser pour prendre Pékin, que la dynastie s'est éteinte, mettant fin à plus de 2000 ans d'histoire impériale. Puyi a quitté la Cité interdite en 1924.
Même sans les empereurs, l'histoire de la Cité interdite ne s'est pas arrêtée. Pendant la guerre civile chinoise qui a éclaté après la Seconde Guerre mondiale, les nationalistes en retraite ont déplacé environ 600,000 trésors, provenant à l'origine de la Cité interdite, vers Taïwan, où ils font maintenant partie d'un musée du palais à Taipei.
Lorsque les communistes de Mao ont pris le contrôle de Pékin, ils ne savaient pas quoi faire de la Cité interdite. Le complexe du palais, avec l'opulence qu'il offrait à l'empereur, semblait en désaccord avec la façon de penser de Mao et il avait même pensé à démolir la cité interdite. Heureusement ses plans ne furent jamais mis en œuvre.

Le Palais impérial de Pékin, inscrit sur la liste de l'UNESCO depuis 1987, est le plus grand ensemble architectural complet de Chine. C'est aussi un ensemble en bois, forcément fragile. Bien plus qu'il n'y paraît.
L'entretien de la cité interdite est rigoureux et régulier. Il est nécessaire de vérifier en permanence la qualité du bâtiment qui est progressivement endommagé, surtout si les travaux d'entretien sont mal effectués. La peinture est régulièrement refaite sur les parties les plus abîmées.
Aujourd'hui, l'importance de la Cité interdite est à nouveau incontestée. Tous les doutes que Mao avait sur la Cité interdite lorsqu'il y est entré pour la première fois ont été balayés et aujourd'hui elle est reconnue comme l'un des plus grands sites du patrimoine en Chine et même dans le monde.
Ce bâtiment est encore aujourd'hui le symbole du peuple chinois et de sa grande et glorieuse histoire.
La Cité interdite est aujourd'hui une destination touristique majeure qui attire des millions de visiteurs chaque année. Plus de 85% du complexe peut être visité et le Musée du Palais reçois plus de visiteurs que tous les musées au monde, avec des pics à plus de 180,000 visiteurs par jour.
Les autorités sont également vigilantes sur la transformation de la Cité interdite en site touristique, notamment en limitant au maximum la commercialisation des objets touristiques. Bien sûr il en existe toujours, comme dans tous les sites touristiques du monde, mais ici l'aspect commercial a été volontairement limité pour ne pas gâcher l'ensemble architectural. L'exemple le plus notable est l'ouverture d'un café « Starbuck » en 2000, qui a été contraint de fermer en 2007 afin de limiter l'impact visuel.