Pourquoi les anciens chinois ont construit des rizières en terrasse ?
La Chine a une très longue histoire de construction de terrasses qui sont réputées à la fois pour leur nombre et leur grande étendue. La Chine est un pays montagneux où les montagnes représentent plus des deux tiers de la superficie totale du territoire. Si les premiers peuples chinois se sont développés autour du fleuve Yangtsé et du fleuve jaune, au fur et à mesure que la population grandissait il fallait trouver de nouvelles terres cultivables.
Pour s'adapter à l'environnement, la solution a été de s'attaquer aux montagnes et les chinois ont créé les champs en terrasses.
Les rizières en terrasses chinoises sont principalement réparties dans la zone montagneuse au sud du Yangzi. Dans ces régions, les pluies sont abondantes et les terrasses sont construites le long des montagnes. Les habitants ont construit un système de canaux pour diriger l'eau depuis le sommet de la colline boisée afin de cultiver le riz sur les pentes.
Les terrasses créées sur les flancs des collines permettent de conserver l'eau grâce à divers barrages, ce qui augmente encore la productivité. Elles permettent également de limiter l'érosion naturelle du sol.
Pendant des centaines d'années, les terrasses ont non seulement amélioré les conditions agricoles locales, mais ont aussi augmenté la production de céréales. En outre, elles sont bénéfiques pour l'écologie de la zone montagneuse et ont grandement contribué au développement durable de l'agriculture en Chine.
Les rizières en terrasses Hani sont l'un des meilleurs exemples de l'ingéniosité des agriculteurs chinois. La forêt, le village, la terrasse et la rivière composent le paysage typique des rizières. Les Hani utilisent et gèrent les ressources locales en eau de manière unique, simple, économique et efficace, ce qui a permis de garantir le fonctionnement durable du système de riziculture en terrasses.
Chaque hiver, les touristes affluent sur les sites pour profiter d'une vue à couper le souffle. C'est la saison où le ciel se reflète dans les champs inondés.
Quand ces rizières ont été construites ?
La construction des Rizières en terrasses remonte à l'Antiquité, cette méthode de culture du riz a permis aux agriculteurs chinois de cultiver des terres en pente, vallonnées et montagneuses.
Les rizières en terrasses de Honghe Hani, qui se trouvent dans la partie sud-est de la province du Yunnan, sont un chef-d'œuvre des brillantes minorités Hani, qui vivent dans ces paysages remarquables depuis plus de 1300 ans. En raison de leur longue histoire et de leur beauté exceptionnelle, ces terrasses sont inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco.
Les rizières en terrasse du dos du dragon ou rizières en terrasse de Longji sont les plus étonnantes de Chine ! Elles ont plus de 650 ans ; la construction a commencé sous la dynastie Yuan (1271-1368) et s'est poursuivie jusqu'au début de la dynastie Qing (1644-1911).
Comment ont été créées les étonnantes rizières en terrasse ?
Si les riziculteurs modernes utilisent aujourd'hui des outils mécaniques, la création des rizières reste une activité à forte intensité de main-d'œuvre, réalisée sans l'aide de machines. Elles nécessitent également un entretien constant et la même méthode se transmet depuis de nombreux siècles. Celles construites durant l'Antiquité sont toujours utilisées aujourd'hui, ce qui témoigne de leur efficacité, même dans la société moderne.
L'approvisionnement en eau est l'aspect le plus important des rizières en terrasses ; il est assuré par les rivières et les ruisseaux de montagne. L'irrigation se fait par un ensemble de canaux et de voies fluviales complexes. Les différents niveaux des rizières en terrasses permettent à l'eau de s'écouler successivement à chaque niveau.
L'emplacement idéal d'une terrasse doit présenter plusieurs qualités : un terrain légèrement incliné, une source d'eau disponible toute l'année et la proximité de matériaux de construction tels que le gravier, la terre végétale et les pierres.
Après avoir choisi un emplacement idéal, un étang où l'eau sera retenue doit être construit sur le point le plus élevé de la terrasse.
Les constructeurs posent ensuite des pierres qui servent de base aux murs de soutènement pour maintenir les terrasses en bon état. Comme cette technique modifie l'état naturel de la terre, il faut construire plusieurs couches de murs de soutènement maintenues par du gravier.
Ensuite, une vingtaine de centimètre de terre et de terre végétale est transportée vers les nouvelles rizières. Le sol est ensuite piétiné et lissé pour créer une surface plane adaptée à l'agriculture.
L'inondation de la terre marque l'achèvement d'une rizière en terrasse.
Ensuite les graines sont plantée sur un lit de semence, après quelques semaines elles sont repiquées et les rizières remplies de 15 cm d'eau. Cette technique donne à la graine légèrement plus mature une longueur d'avance sur les mauvaises herbes concurrentes. À mesure que les semences mûrissent, le niveau d'eau dans les rizières diminue ; à pleine maturité, le sol doit être complètement sec, ce qui permet une récolte facile.
Vers un éco-tourisme pour la préservation du patrimoine mondial
Aujourd'hui, les terrasses ne sont pas seulement destinés à la culture du riz mais sont devenues une ressource touristique unique. Elles sont considérées comme « les plus belles courbes de la planète ». Au printemps, en particulier, les terrasses de différentes formes sont remplies d'eau et les agriculteurs labourent les champs, créant ainsi un magnifique paysage bucolique et vivant.
Les touristes paient pour entrer dans les villages et certains villageois peuvent travailler comme guides, en présentant les traditions des minorités locales. Des hôtels et des infrastructures ont été construits pour répondre aux besoins des touristes. Derrière ce site glamour du patrimoine mondial, il y a cependant des défis à relever.
L'ancienne civilisation se heurte à un obstacle : moins de gens, surtout la jeune génération, maîtrisent les techniques agricoles des champs en terrasses.
Pour éviter que les terres ne soient abandonnées, il faut continuer à les cultiver.
Un autre obstacle est la conservation des habitats traditionnels. Le gouvernement s'est donc attaché à préserver certains villages, avec des subventions pour la rénovation des maisons traditionnelles et en favorisant le tourisme local dont les villageois reçoivent une grande partie des revenus. À ce jour, la protection des logements millénaires est toujours en cours.