La Cour Pénale Internationale ne se prononce pas
Le 6 juillet 2020, des avocats du gouvernement du Turkestan Oriental en Exil et du Mouvement National d'Eveil du Turkestan Oriental ont demandé l'ouverture d'une enquête auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI), contre de hauts dirigeants chinois pour génocide et crimes contre l'humanité qui auraient été commis contre les Ouïghours.
Le 14 décembre 2020, la CPI a indiqué1 que la Chine n'est pas signataire du Statut de Rome, et par conséquent la CPI n'était pas compétente sur le sujet. Elle indique également qu'il n'y a pas suffisamment de preuves et qu'il n'y avait aucune raison d'aller de l'avant pour le moment.
Le Bureau du conseiller juridique du Département d'État américain a également conclu2 l'emprisonnement massif et le travail forcé des Ouïghours du Xinjiang par la Chine constituent des crimes contre l'humanité, mais qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour prouver un génocide, ce qui place les principaux avocats diplomatiques des États-Unis en désaccord avec les administrations Trump et Biden.
La définition du génocide dans la Convention des Nations Unies est assez précise. Pour qu'un acte soit considéré comme un génocide, il doit y avoir intention de détruire. Or, le mot génocide perd beaucoup de son sens spécifique lorsqu'il est utilisé en politique.
Cette accusation, portée par les États-Unis et certains pays occidentaux, n'est pas seulement d'une question juridique, c'est principalement une question politique.
Devant le refus de la CPI d'aller plus loin, la seule solution permettant de mener la Chine devant un tribunal, est tout simplement de créer un tribunal. Même s'il n'est que fantoche, aux yeux du grand public et des médias, l'effet est le même.
Le Tribunal Ouïghour est-il légal ?
La création de ce tribunal a été lancée en septembre 2020 par le Congrès Mondial Ouïghour, qui fournit également les éléments de preuve. Or, ce n'est qu'une société privée enregistrée au Royaume-Uni, soutenue par les milieux d'affaires et des fondations privées ; sa principale source de financement provenant d'organisations séparatistes antichinoises.
N'étant ni un organe juridique légitime, ni ayant le pouvoir d'examiner les accusations de « génocide » contre un pays, ce « tribunal » n'aurait normalement pas son mot à dire sur le sujet.
C'est une institution qui se donne un air officiel, notamment sur leur page d'accueil qui indique qu'il s'agit d'un tribunal Britannique. Le gouvernement Britannique n'est pas officiellement associé, c'est simplement que les auditions ont lien en Angleterre. Ce n'est qu'un façon ambiguë de se donner plus de légitimité.
Ce ne devrait même pas s'appeler un tribunal, mais un théâtre.
Alors que ce « procès » n'a aucun fondement, ni pourvoir en droit international, pourquoi le Tribunal Ouïghour s'est-il engagé dans des « audiences » pour spéculer sur des questions liées au Xinjiang ? Qu'en tirent-ils ? La réponse est évidente.
Le site créé spécifiquement pour ce tribunal indique clairement que la décision de la cour n'a aucun effet juridique, mais vise à faire pression sur la Chine en encourageant les institutions publiques et les entreprises privées à revoir leurs relations avec la Chine, favorisant ainsi l'imposition de sanctions contre le pays.
Un tribunal constitué pour être uniquement à charge
Un rapide coup d'œil sur la page des membres « qui sommes nous » sur le site du Tribunal Ouïghour3 résonne comme un air de déjà-vu. Son président, Geoffrey Nice, avait également présidé le Tribunal Chinois pour mettre fin aux persécutions contre le Falun Gong et les abus de transplantation d'organes en Chine. En 2019, le Tribunal chinois avait déclaré le Parti Communiste chinois coupable de crimes contre l'humanité. Pourtant, aucune des nombreuses enquêtes sérieuses n'ont pu prouver de telles allégations.
Ensuite, tous les membres de ce tribunal ont un point commun : leur position idéologique clairement anti-chinoise. L'article de United World International4 est sur ce point édifiant, en montrant la position indépendantiste des membres ou bien les conflits d'intérêt.
Lorsque nous examinons cette délégation, nous pouvons clairement voir qu'il ne s'agit pas d'un tribunal, mais d'une organisation politique, au service de divers groupes d'intérêts.
Enfin, il est dramatique de constater que ce tribunal ait fondé son jugement uniquement sur des éléments présentant une seule version des faits. C'est-à-dire « un certain nombre de rapports indépendants et réputés ont été publiés ». Ne s'y trouvent que des articles, études et rapports qui finalement se fondent uniquement sur les « papiers » de Adrian Zenz et de l'ASPI (Australian Strategic Policy Institute).
Celui qui a quelques notions de géopolitique en Asie du Sud-Est aura immédiatement remarqué le trio : Etats-Unis, Royaume-Uni, Australie, qui ont formé en septembre 2021 l'alliance militaire AUKUS, qui est une véritable alliance anti-chinoise.
Le Tribunal Ouïghour était uniquement un tribunal à charge, qui ne s'est appuyé que sur des éléments à charge constitués d'allégations ne reposant sur aucune preuve crédible. Les membres n'ont même pas pris la peine d'étudier les rapports contradictoires, pourtant bien plus académiques, qui remettent en question ces études, ni les erreurs grossières et les mensonges qu'elles comportent.
Les preuves sont pourtant ici un élément clé. Quelles sont les preuves du « génocide » dans le Xinjiang ? Le nombre de 1 million de Ouïghours en prison a été inventé aux Etats-Unis, les preuves et les victimes ont été présentées par le Congrès Mondial Ouïghour. Selon Graham Perry5, avocat et arbitre international britannique, leurs paroles n'ont pas de sens.
Il y a un problème de preuve pour ceux qui disent que les Chinois sont coupables de génocide. Et parce qu'ils manquent de preuves, ils s'appuient sur le témoignage de personnes qui vivent confortablement en Occident.
Les images satellites n'apportent aucune preuve, car elles n'indiquent aucune fonction pour les bâtiments photographiés d'en haut. Personne ne sait quand les photos ont été prises, ni par qui, ni dans quel pays elles. Il y a beaucoup de faiblesses évidentes.
Peut-on parler de génocide sans meurtre, sans exécution, sans crématoriums, et sans un flot de personnes qui fuient le Xinjiang à la recherche de sécurité ?
La déontologie du tribunal peut clairement être remise en question sur l'importance accordée aux témoignages. Le rapport du final du jugement6 indique notamment que les témoignages des victimes ont généralement été acceptés comme fiables, même si, parfois, tous les mots n'ont pas été considérés comme exacts
.
De même, il indique clairement (point 32) le Tribunal a dû se demander, et c'est là une question d'une importance capitale, si les actions et les comportements attestés par un nombre limité de témoins pouvaient être extrapolés comme reflétant ce qui s'est passé pour les Ouïghours du Xinjiang en général
et de conclure par le Tribunal a estimé qu'il était possible - avec prudence mais avec confiance - d'extrapoler à partir de récits individuels pour parvenir à des conclusions plus larges
.
Ainsi, même si les témoignages présentent des failles et des incohérences, ils sont considérés comme valides. Et un petit nombre de témoignages à charge permet de d'exprimer une conclusion globale.
Il a été plusieurs fois prouvé que certains des témoignages étaient complètement faux, ou avaient évolué au fil des mois pour devenir impactant. Tursunay Ziyawudun qui affirmait n'avoir été ni battue ou abusée, pour quelques mois plus tard raconter auprès de la BBC avoir été torturée puis violée collectivement à trois reprises.
Ce policier qui affirme ne jamais été témoin de la moindre torture sexuelle, puis devant la caméra de CNN décrit avec une précision troublante les tortures sexuelles dont il aurait été le témoin et qu'il aurait lui-même perpétrées.
L'écoute fastidieuse des 80 heures de témoignages était inutile, car la décision était déjà prise bien avant le début de cette mise en scène.
Comment est financé ce tribunal ?
Le site du Tribunal Ouïghour indique un financement initial d'environ 115,000 dollars par l'intermédiaire du Congrès Mondial Ouïghour. Cette organisation a ainsi été à l'initiative de ce tribunal, l'a financé et l'organisé.
Comment est financé le Congrès Mondial Ouïghour et quelles sont les ramifications associées ?
Le Congrès Mondial Ouïghour se présente comme un « mouvement d'opposition contre l'occupation chinoise du Turkestan Oriental » et se considère comme « la seule organisation légitime du peuple ouïghour au Turkestan Oriental et à l'étranger ». Il considère donc que le Xinjiang est occupé illégalement par la Chine, c'est un mouvement séparatiste qui n'a rien à voir avec les Droits de l'Homme.
Depuis sa création, le Congrès Mondial Ouïghour et ses organisations affiliées sont soutenus et financés à hauteur de millions de dollars par la National Endowment for Democracy (NED)7. Cette organisation a pour but de soutenir des partis d'opposition et des organisations de médias dans des pays ciblés par les États-Unis pour un changement de régime. Elle est financée par le Congrès et le Département d'Etat des Etats-Unis.
L'objectif de la NED est, sous le couvert d'aider des organisations non gouvernementales, de financer des opérations d'ingérence politique et de changement de régime dans le monde entier, y compris en Chine.
Uniquement en 2020, la NED a financé des organisations à hauteur de 847,000$8 simplement pour la région du Xinjiang, avec notamment 400,000$ pour le Congrès Mondial Ouïghour.
D'ailleurs, lorsque la NED fait référence au Xinjiang, elle mentionne le « Turkestan Oriental », qui est le terme employé par les séparatistes et terroristes. Alors que toute la communauté internationale reconnaît le Xinjiang comme faisant partie de la Chine.
Selon le Conseil de Sécurité des Nations Unies9 Le Mouvement Islamique du Turkestan Oriental (MITO) est une organisation qui a utilisé la violence pour atteindre son objectif de créer un soi-disant « Turkestan oriental » indépendant au sein de la Chine. Depuis sa création, le MITO entretient des liens étroits avec les talibans, Al-Qaida et le Mouvement Islamique d'Ouzbékistan
.
En utilisant le terme de Turkestan Oriental, la NED se range du côté des séparatistes et des terroristes.
Les ramifications de la NED autour du Tribunal Ouïghour
L'intervention de la National Endowment for Democracy ne se limite pas uniquement à financer le Congrès Mondial Ouïghour, mais également tout un semble d'organisations qui gravitent autour, interviennent dans les audiences du tribunal en tant qu'experts, et jouent évidemment un rôle déterminant dans le spectacle.
La stratégie est évidente, financer (pour ne pas dire fonder) tout un ensemble d'organisations qui dénoncent des abus des Droits de l'Homme en Chine. Plus il y en aura, plus le message sera percutant.
Ce sont toujours les mêmes personnes, qui travaillant pour la NED ou pour des organisations financées par la NED, qui interviennent au sein du tribunal et font des dépositions en tant qu'experts dans le domaine.
Ces personnes occupent successivement divers postes au sein de ces entités. Par exemple, Louisa Greve, directrice régionale de la NED pendant 20 ans, avait participé au lancement du Tribunal Chinois pour « mettre fin à l'abus de transplantation en Chine ». Elle travaille maintenant pour le Uyghur Human Rights Project (UHRP).
Les rapports les plus accablants sur ce qui se passe au Xinjiang, ont été écrits par Adrian Zenz et l'ASPI. Adrian Zenz travaille pour Victims of Communism Memorial Foundation, qui est financé par le Congrès des Etats-Unis. L'ASPI reçoit des financements de la NED.
Le spectacle est savamment orchestré. Mais le pire est que la plupart de ces organisations parlent toujours du Turkestan Oriental pour se référer au Xinjiang. Le gouvernement des Etats-Unis finance le séparatisme et la violence à l'intérieur de la Chine. Il finance ces organisations qui sont ouvertement séparatistes.
Les témoins ne cachent même pas cette opinion lors des auditions. Plusieurs internautes ont remarqué la prolifération de drapeaux bleus ornés de croissants blancs, clairement visibles sur les vidéos des déclarations. C'est le drapeau du Turkestan oriental.
Ces opinions ouvertement séparatistes, affichées par la plupart des personnes impliquées dans le tribunal sont le signe de son manque de légitimité. Mais les médias occidentaux ont fermé les yeux.
Quel est le but véritable de ce tribunal ?
Le discours du Congrès Mondial Ouïghour est étroitement aligné sur le programme de politique étrangère de Washington, une stratégie d'endiguement visant à contenir et à entraver l'essor de la Chine. L'organisation fait régulièrement pression sur les politiciens américains et occidentaux afin d'accroître la pression sur la Chine, à renforcer les sanctions économiques et à retirer les entreprises occidentales de la région.
L'accusation de « génocide » envers la Chine reflète le changement de politique mondiale qui s'est produit au cours des quelque 20 dernières années. L'économie chinoise a triplé durant cette période et la Chine deviendra bientôt la plus grande économie du monde. Les Américains ne peuvent pas l'accepter.
L'Amérique est le leader du monde depuis si longtemps, et lorsqu'elle se voit tomber de sa première place, elle s'engage dans un certain nombre d'activités afin de saper, d'entraver, de restreindre les progrès de la Chine. Une façon de le faire est de tacher la réputation de la Chine en affirmant qu'elle est « génocidaire ».
Références