Ces preuves du génocide des Ouïghours qui sont des mensonges

Ces preuves du génocide des Ouïghours qui sont des mensonges

Les révélations sur la prétendue politique d’internement en masse des Ouïghours, s'accompagnent de leur lot de témoignages, d'images et de vidéos qui marquent les esprits. Alors que ces documents sont présentés comme des atrocités sans précédent, leur analyse montre une réalité bien différente. La diffusion de ces rumeurs montre une fois de plus comment les médias d'information ont abandonné toute éthique professionnelle.

Internet regorge de fake news à propos de la persécution des Ouïghours, et ce serait une tache pénible et peu intéressante de toutes les énumérer. France24 a publié un article1 montrant comment elles desservent finalement la cause des Ouïghours.

J'ai cependant choisi d'en présenter 3 qui sont représentatives : un témoignage complètement faux et fabriqué, un témoignage dont la version évolue au fil des mois, et enfin une vidéo qui n'est en rien liée aux Ouïghours, mais qui pourtant est largement utilisée dans les médias.

Un faux policier qui décrit ce qui se passe dans les centres de rééducation

CNN a publié une interview avec un policier2 qui aurait travaillé dans un centre de rééducation du Xinjiang, et qui aurait été témoin qui avait reçu l'ordre d'arrêter et de torturer régulièrement des détenus ouïghours.

Reportage de CNN avec un faux policier

Ce policier se présente avec son uniforme (ce qui tout de suite est censé amener de la crédibilité), et aussi visage masqué et lunettes de soleil (pour ne pas qu'il soit reconnu). Ce reportage serait donc un élément clé pour prouver les « violations flagrantes des droits de l'homme dans les camps d'internement du Xinjiang ».

Sauf que ce reportage est le summum de la fake news, truffé d’incohérences et fabriqué de toute pièce par un journal en quête d'audience.

Au début du reportage, le policier commence à décrire, avec beaucoup de détail, les tortures sexuelles qui ont eu lieu dans certains centres. Pourtant, ce même policier, lors de sa déclaration au Tribunal Ouïghour, il avait déclaré qu'il n'avait jamais été témoin de la moindre torture sexuelle. Pourquoi ce changement de discours devant un journaliste ?

Il décrit ensuite le Xinjiang comme une zone qui n'a jamais été en guerre, et les personnes qui y vivent comme des citoyens normaux, pas des ennemis. La région a été frappée par des milliers d'attaques terroristes, des centaines d'innocents ont été tués. Tout ceci ne serait donc qu'une invention du Parti Communiste Chinois ?

Simplement avec ces deux révélations, ce policier perd toute sa crédibilité. Et il va en perdre encore plus après avoir analysé son uniforme.

Le rang indiqué par l’insigne sur ses épaulettes indique qu’il est d'un haut niveau hiérarchique, typiquement un responsable de la police au niveau d’une ville. Il dit avoir servi 10 ans dans la police, c’est impossible d’avoir ce rang en seulement 10 ans.

Et si c'était vraiment le cas, ce doit être tellement rare qu'un officier de ce rang, qui a servi 10 ans dans le Xinjiang, quitte la police qu'il sera très facile pour le gouvernement chinois de savoir qui il est. Donc masquer son identité ne sert à rien, sauf à rendre cette interview plus dramatique.

CNN indique que ce policier a non seulement présidé des interrogatoires, mais a également commis des actes de torture au cours de ces séances. Cela n'est pas cohérent avec le grade de cette personne ; le responsable de la police d'une grande ville est rarement en contact direct avec des prisonniers lambda.

L'insigne sur son bras gauche ne correspond à rien de réel. On peut y lire 公支, qui n'a pas vraiment de sens, et pourrait péniblement se traduire par « branche publique ». Au pire, il pourrait y avoir inscrit 公安 (sécurité publique), ce qui correspondrait typiquement un policier de rue. Normalement, une personne qui travaille dans une prison devrait avoir 狱警 (gardien de prison) sur son insigne.

Sur l'uniforme, il masque son nom mais également un insigne qui indique la province dans laquelle il a servi. Pourquoi masquer cela ? Surtout s'il « aurait » servi dans le Xinjiang. Et d'ailleurs, pourquoi avoir emporté son uniforme lorsqu'il a fuit, et continuer de le porter alors qu'il a honte de ce que son pays a fait ?

La séquence montre ensuite soit disant un « camp de concentration Ouïghour » alors que ce n'est en fait une simple école. Pour brouiller les pistes, ils ont retourné la vidéo, espérant peut-être qu'un Chinois n'arrivera pas à lire à l'envers.

En conclusion, cet uniforme est faux, cet homme n'est pas un policier (ou du moins n'est pas celui qu'il prétend être), et cette interview est une pièce de plus dans la propagande anti-chinoise.

CNN dit qu'ils n'ont pas pu vérifier les propos de ce policier. Donc pourquoi faire un reportage sur quelque chose qui n'est absolument pas vérifiable ?

Tursunay Ziyawudun et ses mille et une versions

Tursunay Ziavdun est une Ouïgoure qui aurait passé 11 mois dans un centre de formation dans l’ouest du Xinjiang. Elle se confie régulièrement à différents médias sur son expérience ; force est de constater que ses déclarations ne sont pas cohérentes et évoluent au fil des mois.

Le 15 février 2020, elle a déclaré sur Buzzfeed3 qu'elle n'avait été ni battue ou abusée.

Le 29 juin 2020, elle déclare pourtant à AP News4, avoir reçu des injections jusqu'à ce qu'elle cesse d'avoir ses règles, et avoir reçu des coups de pied répétés dans le bas-ventre pendant les interrogatoires. Depuis, elle ne peut plus avoir d'enfants et se plie souvent en quatre dans la douleur, saignant de l'utérus.

Sa version évolue ensuite le 2 février 2021 auprès de la BBC5 où elle déclare que les femmes étaient extraites des cellules "toutes les nuits" et violées par un ou plusieurs Chinois masqués. Elle a déclaré avoir été torturée puis violée collectivement à trois reprises, chaque fois par deux ou trois hommes.

Mise en évidence de l'évolution des mensonges de Tursunay Ziawudun

Ses incohérences ne s'arrêtent pas là car selon Xinjiang Victims Database6, elle a déclaré au journal Le Monde7 avoir été enfermée dans un centre de février à décembre 2018, et libérée en raison du fait que son mari était au Kazakhstan. Elle a ensuite été assignée à résidence de janvier à juin 2019.

Elle indique également ne pas avoir pu récupérer son passeport pendant très longtemps, et qu'elle a finalement pu se rendre au Kazakhstan le 26 septembre 2019, mais avec un visa qui allait expirer, l'incitant ainsi à demander l'asile.

Or, son passeport a été renouvelé le 13 mars 2019. Donc, contrairement à ce qu'elle a déclaré, elle possédait bien son passeport et elle peut remercier la Chine de l'avoir renouvelé alors qu'elle était assignée à résidence !

Incohérences entre les déclarations de Tursunay Ziawudun et la date de renouvellement de son passeport

Une vidéo trompeuse montrant des centaines de Ouïghours menottés et aux yeux bandés

En septembre 2019, The Guardian8 publie une vidéo de drones, montrant la police menant des centaines d'hommes aux yeux bandés et enchaînés depuis un train dans ce que l'on croit être un transfert de détenus au Xinjiang. Elle « semble montrer » des musulmans Ouïghours ou des membres d'autres minorités. Cette vidéo a été tournée en août 2018 dans le Sud-Est du Xinjiang.

Ces personnes aux yeux bandés ne sont pas des ouïghours

Cette vidéo a été largement reprise par la presse internationale, prétendant qu'il s'agit d'un transfert de détenus ouïghours vers les camps de concentration. Un chercheur du nom de Nathan Ruser, qui travaille pour l'ASPI (Australian Strategic Policy Institute), a fait des recherches approfondies pour vérifier cette vidéo9. Il en déduit l'endroit où a été filmé la vidéo, ainsi que la date « à partir de la taille et de l'orientation des ombres » sur le sol. Autant dire que la marge d'erreur est énorme. Finalement le chercheur conclue que « rien dans la vidéo ne prouve que les hommes qui y figurent sont Ouïghours ».

Qu'en est-il vraiment ? En regardant simplement au dos des gilets de ces détenus présumés, on peut lire 喀什市看守所, il s'agit de la prison de détention provisoire de Kashgar. Une véritable prison, pas un centre de rééducation.

Cela signifie qu'il s'agit de détenus, de prisonniers, de criminels au sens propre du terme, qui sont maintenant présentés comme des victimes innocentes. L'utilisation de ces images vise à tromper ceux qui ne savent pas lire le chinois.

Il s'avère en fait que ces images datent du 4 août 2017, elles montrent plus de 100 criminels d'un gigantesque gang de vente pyramidale qui ont été transférés dans un centre de détention par 400 officiers de police locaux10.

Ce sont des criminels au sens propre du terme qui ont escroquent les gens de leur argent et ont littéralement détruit des vies et des familles. Ils sont pourtant montrés comme des victimes par ceux qui utilisent ces images comme des « preuves ».

Crise des Ouïghours en Chine, entre mensonges et propagande
La crise des Ouïghours cristallise l'attention, les tensions entre Pékin et Washington sont de plus en plus tendues. Que se passe-t-il vraiment dans le Xinjiang ?

Références

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