Les enfants Ouighours sont-ils endoctrinés dans des écoles ?

La question de l'endoctrinement dans les écoles Ouïghours : mythe ou réalité ?

La Chine tenterait de séparer de leur famille les enfants Ouïghours du Xinjiang, ils seraient empêchés de parler leur langue et subiraient un véritable lavage de cerveau pour leur inculquer l’idéologie du Parti Communiste. Ce nouvel échelon dans le prétendu génocide sur les Ouïghours, tente de pointer du doigt le système scolaire Chinois à travers des pseudo-preuves qui au final ne montrent qu'une chose : pour la Chine, l'éducation des jeunes enfants est une priorité pour leur assurer un meilleur avenir.

En septembre 2019, le journal Libération1 publiait un article au titre racoleur : Chine : les Ouïghours enfermés dès l’école. Cet article se base sur une longue enquête du chercheur allemand indépendant Adrian Zenz, publiée dans le journal Political Risk2.

Cette nouvelle étude est dans la lignée des précédentes du même auteur. Elle ne suit aucun standard académique, n'amène aucune preuve des allégations et ne fait que des suppositions grossières, des conclusion hasardeuses basées sur des faits impossibles à vérifier.

Les publications du pseudo-expert du Xinjiang qu'est Adrian Zenz sont si médiocres que leurs conclusions sont faciles à invalider.

Cet article est censé démontrer que l'État chinois met en œuvre une politique à grande échelle de séparation des parents et des enfants en présentant et analysant systématiquement toutes les preuves disponibles concernant la séparation intergénérationnelle à l'initiative de l'État dans le cadre de la campagne de rééducation politique et d'internement du Xinjiang.

Zenz ne connaît rien du Xinjiang, il travaille de chez lui uniquement à partir de documents officiels disponibles en ligne, qu'il tente d'analyser et de comprendre (ou du moins essayer de trouver des éléments qui vont dans le sens de sa conclusion) ou bien des articles de presse qui vont aussi dans son sens.

Les autorités chinoises n'aiment les journalistes fouineurs ?

Adrian Zenz commence donc son analyse par une référence à un article de AP News3 qui décrit une visite dans une maternelle qui abriterait quatre enfants d'un de leurs informateurs ouïghours ; ils ont photographié l'installation ; ils ont été immédiatement encerclés par la police armée et ont reçu l'ordre de supprimer leurs preuves visuelles.

Selon les journalistes, l'anxiété des autorités était évidente.

Non !

Trouverait-on normal, dans n'importe quel pays du monde, que des journalistes entrent dans une maternelle, et photographies tout ce qu'ils veulent ?

Accepteriez-vous que n'importe quel inconnu entre dans l'école de vos enfants sans y être invité et prenne des photos ? Très certainement, la sécurité et le directeur de l'école seraient rapidement intervenus ; la réaction de l'école chinoise est ainsi tout à fait normale.

La dure réalité des écoles de village dans le Xinjiang

Zenz poursuit alors en indiquant que cela ne signifie pas pour autant que ces enfants sont bien pris en charge en prenant le récit d'un jeune enseignant dans l'école d'une ville très pauvre du sud du Xinjiang6. Ce jeune enseignant décrit une situation très pauvre, et malgré le temps très froid, les élèves de la classe portent toujours les vêtements fins, déchirés, vieux, sales et puants, qui n'ont pas été changés depuis longtemps, et ça sent mauvais quand on entre dans la classe.

La lecture du document (en chinois), nous apprend qu'en 2018 ce jeune professeur de mandarin a fait le choix d'aller enseigner dans la petite ville de Pishan (moins de 2000 habitants), dans la préfecture de Hotan à l'ouest du Xinjiang. Un endroit très reculé, désertique, et extrêmement pauvre, où les habitants vivent principalement de travaux saisonniers et de la récolte du coton.

Le professeur précise avoir découvert plus tard que les parents des élèves ici présents étaient allés à Aksu pour ramasser du coton afin de subvenir aux besoins leurs familles. Les enfants de familles pauvres sont souvent livrés à eux-mêmes, parfois plusieurs jours de suite, lorsque les parents doivent partir travailler ailleurs.

Xinjiang, école, enfants pauvres
« Les élèves étaient très pauvres et sans leurs parents. J'ai donc eu l'idée de leur donner des vêtements, et j'ai obtenu un soutien important. Des organisations et des personnes attentionnées se sont jointes à nous et ont envoyé beaucoup de vêtements chauds à nos élèves. Je suis également très heureux de les voir porter de nouveaux vêtements et sourire. »
- Dai Haoge, professeur de mandarin à Pishan

Le récit ne précise à aucun moment que les enfants sont des Ouïghours. Et même si c'était le cas, la situation de cette école n'est pas une conséquence de la soit-disante répression des Ouïghours par la Chine. C'est uniquement la situation actuelle d'une petite ville reculée et très pauvre, avec des enfants qui n'ont pas accès à l'éducation et aux conditions de vie qu'ils devraient avoir. Cette situation devait changer et c'est une tâche à laquelle Pékin s'est engagée.

Les conclusions de Zenz sont assez caricaturales, car il considère que tous les enfants qui sont livrés à eux-mêmes sont forcément des enfants Ouïghours enfermés dans des centres de rééducation. Il y a des enfants dans cette situation, mais contrairement à ce qu'il prétend, les documents en chinois sur lesquels il s'appuie ne parlent pas de parents dans les centres de rééducation.

Par exemple, il cite une note d'information sur l'assurance maladie7 qui précise les conditions d'attribution des prestations (ce qui n'a d'ailleurs rien à voir avec la question des Ouïghours). Le texte aborde de nombreux points, et en particulier celui des enfants dont les deux parents sont en garde à vue ou bien en détention administrative. Cela n'a strictement rien à voir avec les Ouïghours ni le Xinjiang. La détention administrative est courante en Chine8 pour des délits mineurs (conduite en état d'ivresse, vol, agression, trafic de drogue, etc).

Dans nombre de ses publications, Zenz fait cet amalgame grossier, faisant croire que toutes les personnes en détention le sont parce qu'elles sont Ouïghours alors qu'elles ont commis des délits. Dans n'importe quelle autre province, il y a des adultes qui sont arrêtés, mais ne parler que du Xinjiang permet à Adrian Zenz de laisser penser qu'il s'agit de mesures discriminatoires envers des minorités et ainsi valider ses conclusions déjà établies.

Il est tout à fait normal que l'Etat (et c'est même un devoir) de prendre en charge ces enfants qui se retrouvent seuls car leurs parents ont commis un délit. Ce serait une honte qu'il en soit autrement.

Les enfants Ouïghours, sont-ils envoyés de force dans des internats ?

Zenz indique qu'il a des preuves de la séparation des parents et des enfants, en s'appuyant sur un article de AP News9 pour déclarer que tous les enfants au-dessus d'un certain âge sont tenus de fréquenter un internat où ils ne rentrent chez eux que pendant les week-ends et les vacances.

Cet article se base sur un témoignage d'une femme Ouïghoure exilée en Turquie (qu'il est impossible de vérifier), mais surtout sur un document du gouvernement 10 qui indiquerait que les enfants de quatrième année et plus dont les parents sont en détention doivent être envoyés immédiatement en internat.

Évidemment, je me suis empressé de lire. Il s'agit d'une circulaire sur l'amélioration de la gestion de l'enseignement en internat pour les étudiants en situation difficile. Et AP News donne une mauvaise et honteuse traduction de ce document dans le but d'appuyer sa thèse.

Ce document indique que les élèves de familles en détresse au-dessus de la 4e année devraient être envoyés en internat. Il ne s'agit donc pas d'enfants sont les parents sont en détention, mais d'enfants dont les familles sont en grande difficultés (困境家庭).

Cette technique de mauvais journaliste a fait ses preuves et elle est malheureusement toujours utilisée. En l'absence de preuves, on les fabrique, car les lecteurs sont trop stupides pour aller vérifier.

La lecture de ce document indique d'ailleurs que l'internat n'est pas une obligation, car il doit y avoir des discussions avec les parents et tuteurs des élèves en difficulté, pour qu'ils envoient de leur propre initiative les élèves en difficulté au-delà de la quatrième année en internat. Il est également précisé les modalités pratiques lorsque l'enfant est en internat, notamment assurer la nourriture et le logement avec trois repas par jour pour les élèves dans le besoin.

Les aspects psychologiques sont également au centre de ce document en organisant régulièrement des consultations psychologiques pour les étudiants en difficulté. Les liens avec la famille de l'enfant doivent également être entretenus en transmettant un message aux parents, en envoyant une lettre, en tournant des clips vidéo d'élèves qui étudient et vivent dans l'internat, en organisant des journées portes ouvertes, des photos de famille et d'autres activités, afin que les parents et les proches des élèves visitent l'école, voient la vie des élèves, pour améliorer les contacts et la communication entre la maison et l'école.

Tout ceci est, entre autres, précisé dans le document sur lequel s'appuie AP News pour affirmer que les enfants de parents détenus seraient envoyés de force en internat. Mais plutôt que de confirmer la thèse du journaliste, ce document montre au contraire tout l'intérêt du gouvernement chinois pour les enfants de familles pauvres, ce qui est en accord avec l'idée qu'un des moyens de sortir les gens de la pauvreté, c'est l'éducation.

Finalement, de quoi parle-t-on ? Des enfants de familles en grandes difficultés, très souvent pauvres. Des enfants qui sont le plus souvent livrés à eux mêmes, se nourrissent comme ils peuvent et dont l'éducation scolaire est mise au second plan.

Que feraient les pays occidentaux dans cette situation ? Les enfants seraient mis dans des foyers, pour leur offrir un cadre stable, de meilleures conditions de vie et un accès à l'éducation. En France, l'ASE (anciennement la DDASS) a pour mission de protéger les enfants dont les parents sont en difficulté pour assumer leurs rôles de parents.

Lorsque la Chine fait la même chose, les occidentaux crient au scandale.

Des écoles accolées aux centres de rééducation ?

Zenz indique que de nombreux enfants dont les deux parents sont détenus sont gardés à plein temps dans des établissements scolaires spécialement créés à côté des centres de rééducation. De l'aveu même de l'État, ces camps sont des établissements spécialisés dans le lavage de cerveau. Pour donner plus de valeurs à ses propos, il indique que le texte 职业技能教育培训中心把宗教极端思想从那些受到“三股势力”蛊惑的人的头脑中清除出去 est reprise de nombreuses fois dans des documents officiels11.

Il en donne la traduction suivante : les centres de formation professionnelle nettoient le cerveau des personnes qui ont été envoûtées par les idéologies religieuses extrêmes des "trois forces".

Encore une fois Adrian Zenz donne une traduction biaisée en parlant de nettoyage de cerveau (brainwash en anglais dans le texte) alors qu'une traduction correcte est : retirer les idées extrémistes religieuses.

Car c'est bien là tout l'enjeu : déradicaliser ces personnes par l'éducation. Le document indique que l'idéologie extrémiste religieuse est très convaincante et ne peut pas être facilement éradiquée à court terme une fois qu'elle est contractée et que certaines personnes ont une faible capacité à utiliser la langue et l'écriture nationales communes [le mandarin], une faible sensibilisation à l'État de droit, des connaissances juridiques insuffisantes, des compétences professionnelles médiocres et des difficultés d'emploi, ce qui rend ces personnes plus vulnérables au terrorisme, à la complicité et à la coercition des extrémistes.

Ces propos, repris du document cité par Zenz en référence, sont tenus par Simayi Tiliwadi, un Ouïghour qui a été président de la Région Autonome Ouïghoure du Xinjiang et chef du gouvernement du Xinjiang.

La Chine investit massivement dans l'éducation, et c'est mal ?

Plus précisément, ce rapport montre clairement que le gouvernement chinois s'est engagé depuis quelques années dans un vaste programme d'amélioration des conditions d'éducation, avec la construction ou rénovation de nombreuses écoles ou internats.

La BBC admet que la Chine a dépensé 1,2 milliards de dollars au cours des cinq dernières années pour améliorer et construire de nouvelles écoles pour les enfants du Xinjiang12. Cela devrait être applaudi, et non diabolisé !

Augmentation du nombre d'enfants inscrits en école maternelle en Chine et dans le Xinjiang, entre 2015 et 2018

Les petits Ouïghours connaissent enfin les joies de la scolarité obligatoire.

Lorsque le gouvernement chinois ordonne que ces enfants aillent à l'école, les médias occidentaux crient au meurtre sanglant. Quelle hypocrisie ! Si ces Ouïghours viennent en France, les enfants seront également obligés d'aller à l'école.

La plupart de ces enfants ne parlent même pas mandarin, ce qui limite considérablement leurs capacités à trouver un emploi plus tard à l'âge adulte. Alors quand ils apprennent le mandarin à l'école, la presse occidentale crie au « génocide culturel ». Ces enfants parlent principalement leur langue indigène à la maison (notamment le Ouïghour ou le Kazakh), les classes sont en grande partie en mandarin afin de créer une immersion dans la langue. Mais il y a également l'étude de la langue Ouïghoure en tant que matière scolaire, qui est similaire à la façon dont les cours de langue anglaise sont obligatoires dans les provinces à majorité Han.

C'est un choix entre le développement et la culture. Si les Ouïghours espèrent augmenter leurs revenus et améliorer leurs conditions de vie, ils doivent apprendre à parler le chinois mandarin. C'est un outil de base qui leur permettra de participer au développement économique du pays.

Le mandarin est enseigné dans les écoles parce qu'il est la langue officielle du commerce et des affaires en Chine, mais cela n'exclut pas l'utilisation des langues locales, qui sont protégées par la loi. Le manque de compétences linguistiques est un facteur fondamental de la pauvreté et du manque de mobilité ascendante au Xinjiang, qui est à son tour lié au terrorisme et à l'extrémisme.

L'éducation semble être l'un des moyens les plus importants pour changer la ségrégation professionnelle des Ouïghours et des Han. La maîtrise du mandarin est le facteur clé qui affecte la réussite professionnelle et, en fin de compte, la réussite socio-économique des Ouïghours.

Imaginez des enfants vivant en Bretagne qui ne parlent que le breton, des enfants vivant au Pays Basque qui ne parlent que le basque. Peut-on raisonnablement considérer que leur apprendre le français est un génocide visant à éradiquer leur culture et leur langue maternelle ? Ou n'est-ce pas tout simplement un moyen de leur donner une chance supplémentaire dans la vie ? Pourquoi ce qui est considéré comme une « éducation normale » en France serait une attente aux droits fondamentaux en Chine ?

Enfants Ouïghours dans une école du Xinjiang

Le rapport de Zenz indique que « plusieurs documents indiquent que l'État a créé des écoles avec des internats ou des garderies à proximité immédiate des centres de formation professionnelle pour offrir un service pratique aux stagiaires ». Ce qui est présenté par Zenz de façon négative nécessite quelques précisions.

Selon un rapport publié en 2013 par la Fédération des femmes de Chine13, 30 millions d'enfants, soit plus de 10 % de tous les enfants en Chine, vivent à la campagne sans leurs parents, souvent sous la garde de membres de leur famille. Un rapport du gouvernement de 2016 indique qu'au moins 360,000 de ces enfants étaient totalement seuls, sans aucun membre de leur famille pour s'occuper d'eux.

Les enfants laissés pour compte ont tendance à quitter l'école tôt14, à avoir une mauvaise alimentation et à avoir peu de stimulation cognitive pendant les premières années cruciales de la vie. Ces privations précoces, limitent le potentiel de réussite des enfants dans la vie.

En 2017, on comptait environ 69 millions d'enfants laissés pour compte en Chine15. La préfecture de Hotan (la région dont Zenz tire de nombreux exemples) est l'une des trois plus pauvres du sud du Xinjiang (les deux autres étant Kashgar et Kizilsu) dont les populations les plus nombreuses et les plus denses vivent dans la pauvreté.

Il y a des milliers de familles rurales qui vivent dans la pauvreté, ce qui conduit dans de nombreux cas à l'abandon des enfants. Les centres d'accueil pour enfants financés par le gouvernement fournissent une aide non seulement en termes d'éducation, mais aussi d'autres dépenses telles que la nourriture, les vêtements, le logement et les soins médicaux gratuits. Les parents peuvent chercher un emploi et gagner un revenu stable, ce qui permet une mobilité économique et améliore les résultats en matière de santé et d'éducation.

Sans ces centres, les enfants seraient laissés à eux-mêmes si les deux parents travaillent ou suivent des programmes de rééducation obligatoires. Cela les rend vulnérables aux efforts de radicalisation d'organisations telles que le Mouvement Islamique du Turkestan Oriental, connu pour cibler spécifiquement les enfants ouïghours vulnérables pour l'endoctrinement religieux16.

Ce terrible constat a conduit Pékin à mener un ambitieux programme pour améliorer la qualité de l'enseignement et réduire les charges des familles dans les régions les plus pauvres. Les élèves du Xinjiang sont scolarisés en fonction de leur lieu de résidence. Ceux qui vivent à proximité de l'école sont des externes ; ceux qui vivent loin sont dans des internats. L'école, le logement, les frais de santé et les repas sont gratuits. Les étudiants qui vivent loin de l'école ont droit à des repas et à un logement gratuits. Les étudiants et leurs tuteurs ont la liberté de choisir entre ces deux options.

Pourtant, ces écoles sont présentées par Zenz comme des centres permettant au gouvernement du Xinjiang d'assimiler et d'endoctriner les enfants dans des environnements fermés en les séparant de leurs parents. Ils y apprennent le mandarin, les valeurs du PCC, les enseignants leur écouter des chansons traditionnelles aux enfants et leurs apprennent des chants patriotiques. Même en France les élèvent ont également des cours d'éducation civique pendant lesquels le fonctionnement de nos institutions y est enseigné. Je fais également parti de cette génération durant laquelle on apprenant la Marseillaise à l'école et nous devions la chanter durant les commémorations. Ai-je été pour autant endoctriné ?

Crise des Ouïghours en Chine, entre mensonges et propagande
La crise des Ouïghours cristallise l'attention, les tensions entre Pékin et Washington sont de plus en plus tendues. Que se passe-t-il vraiment dans le Xinjiang ?

Le gouvernement chinois a fait un travail phénoménal en sortant 1,85 millions de musulmans ouïghours de la pauvreté entre 2014 et 2017. Un rapport de la Haute Commission aux Droits de l'Homme des Nations Unies 17 de 2018 félicite a Chine d'avoir créé une prospérité extraordinaire et sorti des centaines de millions de personnes de la pauvreté, notamment dans les huit provinces et régions multiethniques, mais ils sont restés préoccupés par l'inégalité croissante, en particulier pour les minorités ethniques qui continuent à vivre dans la pauvreté de manière disproportionnée. Il reste évidemment du chemin à faire.

Références

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