Premiers troubles en région autonome ouïghoure du Xinjiang
Au début des années 90, de nombreuses attaques terroristes ont commencé, avec pour objectif de faire du Xinjiang une région autonome, islamique et uniquement réservée aux Ouïghours. C'est un mélange de nationalisme, de séparatisme et d'islamisme extrémiste ; cette conjonction qui a agi comme une véritable bombe.
Tous les groupes ethniques étaient la cible de violentes attaques. Les explosions étaient fréquentes dans quasiment toutes les parties du Xinjiang, qui était devenu un véritable champ de bataille.
Entre 1987 et 1990, le Xinjiang a connu plus de 200 attentats à la bombe, dirigés surtout contre les bâtiments officiels ou des bureaux du contrôle des naissances. Les attaques s'intensifièrent et c'est une véritable escalade de violence à partir de 1997 et l'attentat des bus à Ürümqi. Trois bombes explosèrent dans les bus publics de la ville, faisant 9 morts dont 3 enfants, et 28 blessées. Heureusement, deux autres bombes, contenant des billes d'acier, des vis et des clous, posées dans la gare principale d'Ürümqi n'ont pas explosé.
L'année 1993 fut sanglante, avec plus de 17 explosions dans la seule ville de Kachgar, puis 3 grosses explosions meurtrières à Aksu en 1994.
En 2011, une série d'attaques à lieu à Kachgar, à l'Ouest du Xinjiang. Le 30 juillet, deux Ouïghours s'emparent d'une camionnette, tuant le conducteur, et roulent vers les piétons. Les deux hommes descendent de la camionnette et poignardent six individus à mort et en blessent 27 autres. Le 31 juillet, deux explosions retentissent dans un restaurant. Un groupe d’Ouïghours armés tue deux personnes à l'intérieur du restaurant ainsi que quatre autres à l'extérieur, blessant 15 autres victimes.
La présence militaire devint alors plus importante dans le Xinjiang, avec de nombreuses perquisitions et arrestations contre ceux qui participent à ces attentats, directement ou indirectement. Mais cela n'a fait qu'envenimer les choses : des émeutes Ouïghoures éclatent pour protester contre les arrestations et la répression chinoise.
Du fait d'un sentiment identitaire très fort, certains Ouïghours, sous l'influence de l'extrémisme religieux, se révoltent contre ce qu'ils considèrent être une colonisation du Xinjiang par les Hans. Ils considèrent qu'ils ne profite pas de la progression de l'économie chinoise qui se fait à leurs dépens.
Une série de violentes émeutes ont éclaté le 5 juillet 2009 à Ürümqi. Les émeutes du premier jour ont commencé comme une protestation, mais ont dégénéré en attaques violentes qui ont principalement visé le peuple Han. Les autorités ont déclaré qu'un total de 197 personnes sont mortes, dont la plupart étaient des Hans, 1721 autres ont été blessées, de nombreux véhicules et bâtiments ont été détruits.
Selon le gouvernement, la violence n'était pas seulement initiée par les manifestants, mais elle avait également été préméditée et coordonnée par des séparatistes Ouïghours à l'étranger1. Il a déclaré avoir trouvé des preuves que de nombreux Ouïghours étaient venus d'autres villes pour se rassembler pour l'émeute, et qu'ils avaient commencé à préparer des armes deux ou trois jours avant2.
Les attaques de Ürümqi ont permis de mettre en évidence un nouveau mode opératoire des indépendantistes. Leurs opérations sont maintenant préparées en ligne, notamment via le groupe Facebook « Indépendance du Xinjiang ».
Le gouvernement chinois a donc demandé au réseau social de fermer ces groupes et donner les informations sur les activistes, ce qui a été refusé. Selon un sondage de Huanqiu.com3, plus de 90 % des internautes ont déclaré que les activistes qui mènent ce type d'activité en ligne, violent gravement les intérêts nationaux de la Chine et ont convenu que Facebook devrait immédiatement fermer ce groupe. La sanction est rapidement tombée, Facebook est bloqué depuis le 7 décembre 2019.
La Chine confrontée au terrorisme de masse
Progressivement, les attaques ne se limitent plus au Xinjiang, mais gagnent le reste de la Chine, ces violences étant soutenues par des groupes terroristes étrangers.
Le Mouvement Islamique du Turkestan Oriental (MITO) a souvent revendiqué la responsabilité des attaques. Ce groupe séparatiste et ses liens avec le fondamentalisme musulman ont aggravé les préoccupations chinoises concernant la menace croissante du terrorisme dans le pays alors que la région occidentale faisait face à une vague d'attaques terroristes sans précédent.
Le 28 octobre 2013, sur la place Tian'anmen de Pékin, une voiture de type 4x4 a violemment percuté la foule, faisant 3 morts et 38 blessés, avant de s'enflammer à proximité du portrait de Mao Zedong. Il s'agit de la première attaque terroriste à Pékin.
Le 1er mars 2014, 8 personnes habillées en noir entrent dans la gare de Kunming (capitale de la province du Yunnan). Munis d'armes blanches, ils attaquent sans distinction les passagers se trouvant dans la gare. 31 personnes ont été sauvagement assassinées et 143 ont été blessées. Cet attentat, dont le mode opératoire est sans précédent, a considérablement choqué l'opinion publique et le gouvernement chinois.
Le choix de la gare de Kunming n'est pas anodin, les gares sont parmi les endroits où la densité de population est la plus importante. Le but était de causer le maximum de dégât et de panique pour atteindre leur but politique.
2 mois après l'attaque de la gare de Kunming, 5 terroristes à bord de leur véhicule foncent dans le marché matinal de Ürümqi, faisant également sauter des explosifs. 49 personnes ont été tuées, 94 blessées.
Ces attaques, d'une violence inhumaine sont condamnées par les autres communautés musulmanes du pays, considérant que ces attentats visaient tous les groupes ethniques et n'avaient rien à voir avec l'Islam. Ouïghours ou Hans, peu importe, ils tuent tout le monde.
Les Ouïghours qui pratiquent un islam traditionnel subissent également de plein fouet ces attaques, avec un bilan humain important. Ils sont étaient considérés comme des infidèles et vivaient dans la terreur des extrémistes salafistes, à l'intérieur de leur propre pays. Ils vivaient dans la crainte de ces groupes d'individus qui pensent être la véritable voie de l'Islam.
Depuis les attentats de Pékin en 2013, et Kunming puis Ürümqi en 2014, la sécurité était en alerte maximale en dehors du Xinjiang. Le nombre alarmant de crimes violents révèlent la gravité de la question de sécurité dans la partie Ouest de la Chine.
Entre 1990 et 2016, des milliers d'attaques terroristes auraient été perpétrées dans le Xinjiang, tuant un grand nombre d'innocents. Bien que les attentats visent principalement les Hans, les autres ethnies n'ont pas été épargnées.
Beaucoup de ces attaques n'ont jamais été rendues publiques par le gouvernement chinois, car en parler, c'est aussi donner de la visibilité à ces groupes extrémistes et entrer dans leur jeu.
Ce que nous ne lisons pas dans les médias occidentaux, c'est que le terrorisme était incontrôlable au Xinjiang et devenait une menace grave pour la sécurité intérieure.
Les extrémistes traversaient les frontières poreuses de la Chine et s'entraînaient aux côtés des talibans et de l'État islamique. De retour au Xinjiang, ils se cachaient parmi la population, travaillaient à convertir les jeunes à leur radicalisation, complotaient et menaient des attaques terroristes.
Dans ces circonstances, la Chine a décidé de mener sa propre offensive antiterroriste au Xinjiang, avec une série de mesures fermes, résolues et efficaces. Cette campagne semble avoir fonctionné. Aucun attentat terroriste n'a été signalé depuis 2017.
Il est remarquable que la Chine ait pu contenir le terrorisme, un problème insoluble partout dans le monde, sans infliger autant de dommages collatéraux. Ce point ne semble jamais être soulevé dans le torrent d'indignation qui se déverse de la presse occidentale.
On ne sait pas si la paix durera au Xinjiang. Les États-Unis mènent des « guerres éternelles » de plusieurs décennies contre le terrorisme, sans en voir la fin. C'est un long combat parce que les causes du terrorisme ont des racines aussi bien sociales, politiques, économiques, religieuses et historiques.
Références