Qui est vraiment Adrian Zenz ? Sorti de l'ombre presque du jour au lendemain, il est aujourd'hui considéré comme un expert du Xinjiang et ses publications sont reprises par les médias traditionnels pour accréditer la thèse du génocide contre les Ouïghours. Mais c'est surtout un chercheur en théologie d'extrême droite qui dit être « dirigé par dieu dans une mission contre Pékin ».
Une des plus importantes propagandes contre la Chine concerne ce qui se passe dans la région autonome du Xinjiang. Beaucoup auront vu ces articles parlant de « un million de musulmans détenus dans des camps de concentration », de violations des droits de l'homme, et même de génocide. Il est toutefois important de comprendre que crucial que ces allégations proviennent essentiellement d'une seule source : les travaux d'Adrian Zenz. Car, un examen attentif des recherches de Zenz révèle un abus flagrant de données et des mensonges purs et simples.
La parole d'un homme contre la Chine
La plupart des grands médias occidentaux consacrent des articles entiers à ce qui se passe dans le Xinjiang. Pour étayer leurs propos, une seule source est constamment citée : les travaux d'Adrian Zenz.
Il a témoigné devant le Congrès des Etats-Unis, intervient dans de nombreux médias et en tant qu'expert dans les rapports du China Cables, un Consortium international des journalistes d'investigation.
Adrian Zenz est subitement sorti de l'obscurité pour se transformer presque du jour au lendemain en un expert incontournable du Xinjiang. Qui est-il vraiment ?
Zenz est un chercheur en théologie d'extrême droite qui dit être « dirigé par Dieu dans une mission contre la Chine », tel qu'il l'affirme dans un entretien au Wall Street Journal1.
Dans son livre qu'il a coécrit en 2012, Worthy to Escape : Why All Believers Will Not Be Raptured Before the Tribulation, Zenz prédit la chute du capitalisme et la montée en puissance consécutive de l'Antéchrist. Zenz établit également un lien négatif entre d'autres aspects de la société moderne, tels que la dépénalisation de l'homosexualité et l'éducation non-violente des enfants, et le « pouvoir de l'Antéchrist ».
Adrian Zenz possède le titre de « directeur et chercheur principal en études chinoises » à la Victims of Communism Memorial Foundation. Le site GrayZone2 a révélé que cette fondation avait été créée par le gouvernement américain en 1983, revêtant des couleurs d'extrême droite et néonazies, et entretenait des relations étroites avec la CIA américaine. Tout le monde sait quel rôle joué par la CIA dans la politique internationale d'aujourd'hui.
Zenz est également employé par la Jamestown Foundation, un groupe de réflexion néoconservateur basé à Washington, fondé au plus fort de la guerre froide par l'administration Reagan avec le soutien de William J. Casey, alors directeur de la CIA.
Dans leur zèle apparent pour une croisade anti-chinoise, les grands médias occidentaux ont accepté les recherches douteuses de Zenz comme un fait absolu, tout en ignorant ses antécédents d'extrémiste religieux idéologiquement engagé dans le changement de régime à Pékin. Ils traitent Zenz comme un expert inattaquable de la Chine n'examinent jamais sa méthodologie de mauvaise qualité, et c'est bien là tout le problème.
Il serait facile de s'opposer aux études en se limitant simplement de souligner son fondamentalisme chrétien. Si ces choses doivent être soulignées, cela ne signifie pas pour autant que l'on doit ignorer tout ce qu'il dit, car Zenz fait des efforts pour citer directement des sources chinoises.
En revanche, consultez ses sources, la plupart du temps, elles appuient certains de ces propos, mais seulement en partie. Cela conduit Zenz à abandonner des points de vue plus nuancés.
L'un des nombreux problèmes de ses études est les traductions sont parfois mauvaises, il fait des raccourcis grossiers, sort les propos de leur contexte ou bien fait passer une opinion personnelle comme une vérité.
Adrian Zenz est présenté comme un chercheur indépendant, mais ses rapports ne respectent aucun standard académique. Ils ne sont d'ailleurs jamais examinés par des pairs avant leur publication (ce qui est le processus normal pour n'importe quel chercheur). Ils ne sont d'ailleurs jamais publiés dans des grandes revues.
La façon déontologique de travailler un véritable chercheur est de partir de documents et en extraire une conclusion. La façon de travailler de ce pseudo-chercheur, est l'inverse. Il part de sa conclusion déjà établie et recherche des documents dont certains éléments peuvent accréditer sa thèse. Parfois il extrait des bouts de phrases dont le contexte n'a rien à voir avec ce qu'il essaye de montrer ; parfois il crée même des documents qu'il présente comme des preuves accablantes.
La Charte de déontologie de Munich demande aux journalistes de respecter certains fondamentaux, notamment celui de publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent
. Combien de journalistes ont réellement lu et vérifié les rapports d'Adrian Zenz ? A en juger par la teneur des articles qu'ils rédigent, ils ne doivent pas être nombreux.
Car la lecture des travaux de Zenz, avec un minimum de sens critique et de rigueur, montre rapidement que de très nombreuses affirmations ne sont en fait que des suppositions, des déformations de la vérité, ou tout simplement des mensonges.
Malheureusement, dire du mal de la Chine fait vendre, et les aspects économiques sont finalement plus importants que la déontologie.
Des révélations sur le financement de Adrian Zenz dévoilés ?
Le 1er octobre 2021, Jonas Drosten3, qui se dit être un ancien collaborateur d'Adrian Zenz, a révélé sur twitter que ce dernier aurait reçu un financement de 625,000$ de la part des États-Unis pour rédiger ses études. Le 8 décembre, il a également publié des documents présentant des attestations de financement par le Sénat ainsi que l'organisation Victims of Communism Memorial Fundation.

Même si les liens de Zenz avec le gouvernement américain et l'organisation en question n'ont rien de surprenant, il n'existe cependant aucune preuve que ces documents soient vrais. Si nous réfutons les preuves sorties de nul part concernant le génocide sur les Ouïghours, nous devons avoir la même attitude critique sur ces « preuves » de financement.
Références